
Alassane Ouattara a entrepris des réformes pour régler certains dysfonctionnements qui avaient pignon sur rue dans ce secteur. En Côte d'Ivoire, le binôme café-cacao occupe une place de choix dans l'économie du pays. Symboles de ce qu'on a appelé le miracle économique ivoirien au cours de la décennie 70 - 80, ces cultures de rente continuent toujours de susciter beaucoup d'intérêts. Mais quelques années plus tard, ces réformes ont-elles eu l'effet escompté ? Reportage.
Alassane Ouattara n'a pas réussi à faire mieux que son prédécesseur
Alassane Ouattara a fait de la restructuration de la filière café-cacao l'une de ses priorités. Les nombreux détournements commis par les gestionnaires de la filière d'antan ont fini par le convaincre qu'il fallait réformer. Tapé Doh Lucien, Henri Amouzou, Angéline Kili ou encore tous ceux qu'on affublait du sobriquet de « barons » du café-cacao, ont tous jetés en pâture les efforts des braves paysans, en menant une vie de luxure, d'orgies et pleine de désinvolture avec leur argent. vingt-deux responsables ont été jugés pour avoir détourné 300 milliards de F CFA, entre 2002 et 2010.
Alassane Ouattara, soucieux de redonner confiance aux acteurs de la filière, a dissous les structures existantes telles que la Bourse du Café et du Cacao (BCC), le Fonds de Régulation et de Contrôle (FRC), l'Autorité de Régulation du Café et du Cacao (ARCC), au profit du Conseil du Café et du Cacao (CCC). Cette entité a pour Directrice générale Massandjé Litsé Touré, "la fille de l'autre", et pour Président du Conseil d'Administration Lambert Kouassi Konan, "l'ami de l'autre".
Massandjé Litsé Touré, la Directrice générale du CCC, n'est autre que la fille de l'éminent Professeur Saliou Touré, Mathématicien reconnu à l'échelle internationale et proche d'Alassane Ouattara. Celle qui nourrissait la noble ambition de mettre fin au fossé qui séparait les grands groupes internationaux opérant dans le domaine et les exportateurs nationaux, a plutôt péché dans la mise en oeuvre de sa politique. Africaintelligence.fr révèle qu'en décembre 2014, plusieurs grands opérateurs ont été contraints par le CCC de revendre une partie de leurs stocks à des sociétés locales de négoce. Ces acquéreurs locaux ont pour noms : Africa Sourcing de Loïc Folloroux, le fils de Dominique Ouattara (la première Dame du pays), Agricultural Commodities de Yasser Ezzedine, un proche de l'ex-Chef de l'Etat ivoirien Henri Konan Bédié, Agro West Africa de Zoumana Bakayoko, le frère aîné d'Hamed Bakayoko, le tout-puissant Ministre d'Etat, Ministre de l'intérieur et de la sécurité.
Lambert Kouassi Konan est un vétéran de l'arène politique ivoirienne. Ministre de l'Agriculture (1995 - 1999), l'homme peut se prévaloir d'avoir des attaches un peu partout. Lambert Kouassi Konan est un proche de Bédié et un ami d'Alassane Ouattara. Stéphane Konan, son fils, est bien introduit dans les cercles du Président du parlement Guillaume Soro et d'Hamed Bakayoko, les jeunes loups aux dents longues. Tous ces facteurs ont largement milité en sa faveur et ont permis sa nomination à la tête de cet important levier de l'économie ivoirienne.
Moins flambeurs que leurs prédécesseurs, les nouveaux barons de la filière café-cacao sous l'ère Alassane Ouattara, s'en rapprochent tout de même un peu par leurs manières de procéder : attribution de marchés de gré à gré à des proches du régime. Aussi, l'opacité des opérations dans la filière café-cacao à l'heure actuelle, fait qu'il plane des doutes sur la transparence au sein du CCC. Le prix du cacao par exemple, était au plus bas depuis un certain temps. Un tarif qui a été revu à la hausse par Alassane Ouattara, seulement à la veille de la campagne pour la présidentielle du 25 octobre dernier.
Que pensez-vous de la gestion de la filière café-cacao sous le régime d'Alassane Ouattara ?