Alassane Ouattara s’est plié aux revendications des mutins de Bouaké en payant une partie de leurs primes Ecomog. Le faisant, le président ivoirien a ainsi ouvert la boite de pandore, car les autres corps constitués se sentent lésés. Les fonctionnaires, les gendarmes, les militaires ex-FDS et autres réclament également leur part de gâteau.
Alassane Ouattara tombe de Charybde en Scylla
En payant cinq-millions aux mutins de Bouaké, le chef d’État ivoirien pensait sortir de l’ornière. Que nenni! La fronde sociale s’est intensifiée davantage, avec son cortège de morts et de dégâts matériels. En effet, Alassane Ouattara et son gouvernement avaient jugé bon de satisfaire les griefs des 8.500 militaires mutins, qui sont en réalité d’ex-rebelles intégrés à l’armée ivoirienne. Mais ce traitement particulier dont a bénéficié ce petit groupe n’est nullement du goût de toute la grande muette. Aussi, des gendarmes et d’autres militaires non pris en compte par cette mesure gouvernementale ont décidé de se faire entendre.
C’est ainsi qu’a éclaté une nouvelle mutinerie à travers toutes les grandes villes de la Côte d’Ivoire. D’Abidjan à Bouaké en passant par Yamoussoukro, Toumodi, Daoukro, Dimbokro, Daloa, Ferkessédougou, Korhogo et autres, le mercure était véritablement monté d’un cran. Des tirs nourris et des parades militaires avaient plongé lesdites villes dans une grande psychose. De même, l’opposition de certains militaires aux manifestations des gendarmes a failli virer à l’affrontement entre les deux corps. L’on dénombre cependant deux militaires tués devant la garde républicaine à Yamoussoukro et une vive tension à Bouaké et Daloa. Même si les tirs ont quelque peu cessé, le camp commando d’Abobo serait toujours en ébullition avec des tirs sporadiques.
A en croire certains gendarmes, sous couvert d’anonymat, ils maintiendront la pression jusqu’à obtenir gain de cause. Car si les ex-rebelles de Bouaké ont bénéficié d’une largesse présidentielle, pourquoi pas eux qui sont toujours restés républicains ?
Les fonctionnaires, les étudiants et les élèves maintiennent également la pression
En grève depuis près de deux semaines maintenant, les fonctionnaires et agents de l’État n’entendent nullement lâcher du lest. Ces derniers sont également décidés à faire plier le gouvernement quant à leurs revendications qui tiennent au retrait des dispositions antisociales de l’ordonnance d’avril 2012 portant organisation des régimes de pensions gérées par la CGRAE, le paiement effectif et intégral du stock des arriérés dus aux effets financiers des mesures de revalorisation salariale depuis 2009, l’intégration des agents journaliers du secteur public à la fonction publique et enfin, l’arrêt des violations des libertés syndicales en Côte d’Ivoire. Ainsi, toute l’administration ivoirienne, y compris le secteur de la santé et de l’éducation, a-t-elle débrayé pendant dix jours maintenant.
Comme un effet domino, la grève s’est également étendue aux élèves et étudiants qui ont déposé bics et cahiers. Orphelins de leurs enseignants fonctionnaires, les élèves du public sont allés déloger ceux du privé qui continuaient à faire cours. Aussi, cette perturbation a laissé entrevoir plusieurs mouvements d’humeurs et un certain tohu-bohu à travers la Côte d’Ivoire. Les étudiants ne sont nullement restés en marge, car ceux-ci ont décidé de faire entendre leurs revendications portant sur leurs problèmes académiques qui peinent à trouver des solutions définitives depuis belle lurette. Un violent affrontement a même eu lieu, hier, entre étudiants et policiers à l’université Nangui Abrogoua d’Abobo-Adjamé.
Face à cette fronde sociale généralisée, le gouvernement ivoirien se réunit, ce mercredi, en conseil des ministres. De grandes décisions sont par ailleurs attendues, surtout que la Côte d’Ivoire est dans une totale impasse en ce moment. Alassane Ouattara a du pain sur la planche, lui qui a promis des « solutions » aux problèmes des Ivoiriens avec sa pluie de milliards qui tarde à tomber. Les ménages ne ressentent nullement le taux de croissance avoisinant les deux chiffres dont se targuent pourtant les autorités ivoiriennes. « ADO Solutions » est donc attendu au pied du mur pour faire le bonheur de l’ensemble des Ivoiriens, et non d’un seul groupe.