Côte d'Ivoire : Répression contre la FESCI, excédé, Assi Fulgence saisit l'UNESCO

Par Gary SLM
Publié le 22 septembre 2017 à 11:27 | mis à jour le 30 septembre 2022 à 14:25

Les manifestations de la FESCIcontre les frais annexes imposés à l'inscription dans les établissements publics sont visiblement loin de leur épilogue. Assi Fulgence vient de saisir la DG de l'UNESCO aux fins de lui exposer la réalité des faits.

Assi Fulgence et la FESCI portent plainte à l'UNESCO

Le bras de fer entre le ministère de l'Éducation nationale et la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI) est en passe de s'internationaliser. Et ce, aux bons soins d'Assi Fulgence Assi, leader du puissant syndicat des élèves et étudiants, qui vient de franchir un autre cap dans ses revendications. Suivant une note, dont nous avons reçu copie, le Secrétaire général de la FESCI a dépeint la situation de l'école ivoirienne, appelant par ailleurs l'Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) à agir afin de sauver les élèves et étudiants de Côte d'Ivoire.

Notons cependant que la ministre Kandia Camara a lancé un mandat d'arrêt contre Assi Fulgence pour troubles à l'ordre public et perturbation de la rentrée scolaire. Les policiers et autres forces de l'ordre commis à la répression des manifestations de la FESCI n'y sont également pas allés de main-morte. Plusieurs blessés et de nombreuses arrestations sont à déplorer dans le camp des étudiants.

L'intégralité du courrier de la FESCI à l'UNESCO

Abidjan, vendredi 15 septembre 2017

Objet : NOTIFICATION DE non-respect des normes d’Éducation en Côte d’Ivoire

Madame la Directrice Générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture.,

La Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire, organisation de défense des droits des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire créée le 21 Avril 1990, vient par la présente notifier à votre institution le non-respect des normes d’Education en Côte d’Ivoire.

Notre pays la Cote d’Ivoire après son accession à l’indépendance le 07 Aout 1960 a fait de l’Education son champ de bataille avec construction des écoles primaires et secondaires dans la plupart des grandes villes avec son corolaire de déplacement des apprenants de leur lieu de naissance.

Les conséquences de la distance de ces écoles ont permis à l’État de Côte d’Ivoire non seulement de rapprocher l’école des apprenants, mais aussi de construire des centres de formation professionnelle, centres de métiers dans les années 80.

Aujourd’hui, notre pays ne compte que 59 établissements publics de formation vétustes. Alors que votre institution en a contribué financièrement à travers son plan d’aide à l’Éducation. Les crises successives ayant orienté la priorité de l’Éducation – Formation ailleurs, notre pays se retrouve au bas de l’échelle du classement selon l’Organisation Internationale de la Francophonie et l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques depuis 2009.

En Côte d’Ivoire, l’école est asphyxiée par les maux suivants :

Année académique se fait en 17 mois au lieu de 9 mois ;

La charte des thèses de 45 jours pour une instruction se fait en 3 ans ;

L’effectif est de 120 élèves ou étudiants par classe primaires, secondaires et supérieurs au lieu de 35 maximum ;

Le contenu de l’enseignement est vétuste et inadapté ;

Le système scolaire et secondaire est hybride, donc difficilement assimilable par les apprenants ;

La liberté d’association, d’expression et réunion dans nos lycées et collèges sont des crimes depuis 2011 avec ses conséquences de menaces verbales, agressions physiques sous instruction du Ministre Kandia Kamissoko Camara de l’Education Nationale et l’Enseignement Technique ;

Le Comité de Gestion (COGES) crée en 1990 pour une participation et la gestion des 10% de l’inscription par les élèves à travers le conseil scolaire des établissements et d’association des parents reçu par les économes est devenu une caisse noire d’enrichissement illicite de Madame la Ministre Kandia Camara à caractère de Société Anonyme (SA) ;

Nos écoles publiques et privées sont devenues des marchés à bourses où des frais d’inscriptions qui vont de 8000 F à 17000 F et de 25000 F à 80000 F sont discutés et validés par les proviseurs, directeurs ou chefs d’établissements en accord avec la hiérarchie scolaire. La Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire ayant remarqué cette anarchie profitable et ce vol bien organisé et rentable aux ministres de tutelles, surtout à celle de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement Technique, a adressé des correspondances, la dernière date du 10 aout pour les motifs suivants :

Mauvaise application du système Licence, Master et Doctorat ;

Absence de laboratoires, bibliothèques et salles spécialisées dans nos écoles ;

Absence de couverture WIFI dans nos universités ;

Réhabilitation et construction des résidences Universitaires dans les villes Universitaires d’Abidjan, Man, Korhogo, Bouaké, Yamoussoukro, Daloa… etc.

Homologation des frais d’inscription dans les grandes écoles publiques et privées pour les élèves affectées de l’État ;

Augmentation du nombre de boursiers et de la bourse scolaire, car la croissance économique est désormais à 2 chiffres ;

Réinstauration de la session de remplacement pour les examens à grand tirage ;

Suppression des cotisations physiques et/ou annexes imposées par le comité de gestion en accord le Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement Technique;

Pour ces problèmes susmentionnés, la FESCI après plusieurs tentatives de recherches de solution par le dialogue s’est vue obliger de protester pacifique le 16 Août 2017 par une marche pacifique pour interpeller les Ministères en charge de l’Éducation et Formation en Côte d’Ivoire. Mais, rien n’y fit de la part de la Ministre Kandia Kamissoko Camara.

Face à ce mutisme, la FESCI a procédé, depuis le lundi 11 septembre 2017, à l’arrêt des inscriptions physiques, et ce, pacifiquement dans tous les établissements qui ne respectent pas les frais d’inscription qui sont de : 6000 FCFA dans les établissements publics et 3000 FCFA dans les établissements semi-privés pour les élèves orientés de l’État.

Le mercredi 13 septembre 2017, pendant que les élèves et étudiants étaient au Lycée Moderne de Cocody, les forces de Sécurité d’élite nationales ont fait irruption, armes au poing et blindages mobiles pour molester, violenter et interpeller ceux-ci. Comme si cela ne suffisait pas, ces forces de sécurité ont fait une expédition punitive dans les résidences universitaires de Cocody (Cité Rouge et Mermoz) de 9heures à 16heures avec son corolaire de vols, agressions des pauvres étudiants et élèves, résidants de ces cités, foulant ainsi au pied les franchises universitaires.

Pire, ces forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes périmés de marque CONDOR sur ces pauvres vulnérables. Or, ces substances périmées peuvent provoquer la folie et le cancer. C’est pourquoi, nous attendons les réactions de l’Organisation Mondiale de la Santé, l’ONG Amnesty Internationale et la Commission Nationale des Droits Humains de Côte d’Ivoire, … etc face à ce génocide intellectuel de la jeunesse scolaire et estudiantine qui ne demande qu’à étudier dans les conditions décentes selon les normes internationales.

Dans l’attente d’une diligente et urgente réaction à notre notification pour le non-respect des normes d’Education en Côte d’Ivoire, veuillez recevoir Madame la Directrice Générale, l’expression de nos sentiments fidèlement dévoués.

Ampliation

- Garde des sceaux, Ministre de la Justice de Cote d’Ivoire

- Médiature

- DG police

- État major

-Commandement supérieur de la gendarmerie

-RTI

Pour la FESCI

LE SECRETAIRE GENERAL

ASSI FULGENCE ASSI


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