Le régime Ouattara a connu des hauts et des bas tout au long de cette année 2017. À deux jours de la fin de l'année, il est grand temps de dresser un bilan afin d'établir des perspectives pour 2018.
Alassane Ouattara entre le chaud et le froid en 2017
L'année 2017 s'achève dans deux jours, mais elle n'a pas du tout été facile pour le président Ouattara qui a tout de même oeuvré à maintenir le pays dans une bonne dynamique. En effet, comme par prémonition, le chef de l'Exécutif ivoirien avait annoncé sa retraite définitive à la fin de son second mandat en 2020. Aussi, dès le 7 janvier 2017, ce sont 8400 ex-rebelles intégrés à l'armée régulière qui se sont soulevés à travers la Côte d'Ivoire pour réclamer leur "prime Ecomog". Cette vague de mutineries s'était étendue à l'ensemble du pays et à plusieurs autres composantes de l'armée. Les forces spéciales, les gendarmes, les sapeurs-pompiers et les anciens FDS avaient également rejoint le mouvement pour des revendications financières identiques.
Ces revendications se sont par ailleurs faites à coup de canons et parades militaires dans les grandes agglomérations du territoire national. Le président ivoirien pensait sortir de l'ornière en payant une partie des 12 millions de FCFA à ces mutins, qu'en mai, ces derniers remirent le couvert avec plus d'ardeur et de frénésie. Le chef de l'État avait alors indiqué qu'il était « très meurtri » par ces mouvements au sein de son armée.
Les manifestations des militaires ont toutefois fini par s'apaiser, mais les autorités ivoiriennes n'ont pour autant pas eu de temps de répit, car les ex-combattants démobilisés ont manifesté à leur tour pour revendiquer des primes au même titre que leurs anciens frères d'armes retenus dans l'effectif des Forces armées de Côte d'Ivoire (FACI).
Les fonctionnaires ivoiriens ont quant à eux demandé au gouvernement de leur payer leur stock d'arriérés de salaires 250 milliards de FCFA. Ces derniers avaient donc entamé plusieurs mouvements de grève avant de trouver un accord avec le Premier ministre qui a, non seulement reconnu l'existence de ce stock, mais bien plus, il a trouvé un accord pour effectuer ce paiement en l'échelonnant suivant des mensualités. Ce qui a permis d'obtenir une trêve sociale.
Il y a par ailleurs la chute du prix du cacao sur le marché international qui a entrainé la réduction de 10% du budget de l'État. Le cacao, dont la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial, est, en effet, l'un des maillons essentiels de l'économie ivoirienne. Aussi, le pays a connu de véritables difficultés de trésorerie au cours de cette année 2017. Le conflit frontalier tranché par le TIDM en faveur du Ghana a été le coup de grâce pour le pouvoir d'Abidjan.
Ouattara - Bédié - Soro, une alliance qui a tangué
Sur le plan politique, la situation est également loin d'être reluisante. La coalition RHDP au pouvoir a du mal à s'accorder pour aller au parti unifié. Alors qu'Henri Konan Bédié s'active pour faire d'un militant actif du PDCI, le candidat de la coalition. Cependant, plusieurs cadres du RDR, parti d'Alassane Ouattara, ne cessent d'afficher leur désapprobation quant à parrainer une candidature PDCI.
C'est dans cet embrouillamini que Guillaume Soro serait en train d'afficher ses ambitions politiques. Même si le président de l'Assemblée nationale entretient pour l'instant le flou sur son éventuelle candidature à la présidentielle de 2020, plusieurs de ses compagnons s'y activent tous azimuts. La découverte d'une cache d'armes chez le chef du protocole du PAN Kamaraté Souleymane dit Soul to Soul, et l'arrestation de ce dernier avaient créé des frictions entre le président et son ancien Premier ministre.
Le président Ouattara sauve la mise
Le président Ouattara tente tout de même d'afficher une certaine sérénité à travers les multiples accords bilatéraux signés avec plusieurs partenaires internationaux. L'organisation des jeux de la Francophonie, la signature d'eurobond et du Millennium Challenge Corporation (MCC), ainsi que l'inauguration récente du CHU d'Angré, l'organisation du Sommet UA-UE, le lancement des travaux du métro d'Abidjan constituent, entre autres, une bouffée d'oxygène pour le régime Ouattara qui espère néanmoins que l'année 2018 va s'annoncer sous de meilleurs auspices et qu'elle permettra à son gouvernement de travailler à l'émergence de la Côte d'Ivoire à l'horizon 2020.