Des chefs d’État de la CEDEAO s’étaient réunis à Accra, le 21 février dernier, pour évoquer la création d’une monnaie unique pour la sous-région ouest-africaine. Mais le président Muhammadu Buhari vient d’émettre des réserves quant à la sincérité de ses homologues francophones pour un tel projet d’intégration monétaire.
Buhari évoque la monnaie unique de la CEDEAO avec scepticisme
La cinquième réunion de la Task Force présidentielle sur le programme de la monnaie unique de la CEDEAO a tenu toutes ses promesses dans la capitale ghanéenne. Les présidents Nana Akufo-Addo, Alassane Ouattara, Issoufou Mahammadou, Faure Gnassingbé, ainsi que le Gouverneur de la Banque Centrale du Nigeria, Godwin Emefiele, représentant le président nigérian Muhammadu Buhari, et bien d’autres personnalités de la sous-région avaient tous répondu présents à ce rendez-vous.
Lors de cette rencontre d’Accra, les chefs d’État avaient réaffirmé « leur engagement politique à réaliser la monnaie unique de la CEDEAO en 2020 et à ratifier et à mettre en œuvre tous les protocoles de la CEDEAO ». Tous ces engagements devaient aboutir, à terme, à la création d’une monnaie pour tous les quinze (15) pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Il s’agit en effet d’une « approche graduelle privilégiant un démarrage avec les pays qui respectent les critères de convergence tandis que les autres pourront s’y joindre ultérieurement ».
Cependant, le chef d’État nigérian qui s’est fait représenter à ces assises a émis de sérieux doutes quant à parvenir à une intégration monétaire entre francophones et anglophones de l’Afrique de l’ouest. Pour le président Buhari, « les chefs de gouvernement de la Cedeao n’avaient pas été suffisamment informés sur toutes les implications de l’intégration à l’horizon 2020, en particulier concernant certains pays qui ne sont pas prêts individuellement au niveau national ».
Poursuivant, le président de la première économie africaine interpelle les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) : « J’appelle les pays qui ont en partage le franc CFA, à démontrer leur volonté de voir le projet de création d’une monnaie unique de la CEDEAO aboutir. Ces pays doivent présenter une feuille de route claire de leur déconnexion du trésor français. »
À noter que huit monnaies différentes ont cours dans les quinze pays de la CEDEAO. Pour les huit pays de l’UEMOA qui ont en commun le franc CFA, leur monnaie est arrimée à l’Euro. Même si certains économistes avancent que « le franc CFA lié à l’euro est un bouclier de stabilité pour les populations locales », il n’en demeure pas moins que la trop grande dépendance de ces pays à la France exclut toute indépendance monétaire. D’où le front anti-CFA symbolisé ces derniers temps par Kako Nubukpo et Kémi Séba.