Philippe-Henri Dacoury-Tabley s’est exprimé sur le refus du gouvernement ivoirien à reformer la CEI. L’ancien gouverneur de la BCEAO interpelle donc le président Alassane Ouattara sur la nécessité d’appliquer l’arrêt de la CADHP.
« La CEI, condamnée à être réformée », selon Philippe-Henri Dacoury-Tabley
À mesure que les prochaines élections approchent, le débat sur la composition de la commission électorale indépendante (CEI) s’intensifie davantage.
Déjà en septembre 2017, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) avait rendu un arrêt recommandant à l’État ivoirien de réformer la CEI. Pour justifier cette décision, la juridiction africaine avait mis en avant l’illégalité du maintien de Youssouf Bakayoko à la tête de cette institution. L’ancien chef de la diplomatie ivoirienne a en effet été porté à la tête de cette structure depuis février 2010.
Dans son arrêt, la juridiction africaine avait également pointé le déséquilibre au sein de la commission centrale. Sur les dix-sept (17) membres, quatre (4) représentent la coalition au pouvoir, quatre (4) pour l’opposition, quatre (4) pour la société civile et cinq (5) sont désignés par le président de la République. La présence des commissaires désignés par le chef de l’État est remise en cause par la Cour qui invite le pouvoir à réformer simplement cette structure, car elle « n’obéit pas aux critères internationaux ».
Seulement voilà, le pouvoir d’Abidjan rejette cette idée, estimant que cette CEI est le fruit d’un consensus. « La CEI actuelle est issue d’un consensus politique. Tous les partis politiques de Côte d’Ivoire ont été consultés. Et c’est consensuellement que la CEI actuelle a été mise en place, avec tous les partis politiques », avait déclaré le Premier ministre Gon Coulibaly.
Aussi, le gouvernement ivoirien estime que la CADHP n’est qu’un comité consultatif, elle n’a pas un pouvoir de décision. Une attitude jugée incompréhensible par l’opposition, d’autant plus que le pays a signé et ratifié les textes fondateurs et s’est engagé à se conformer aux prescriptions de la Cour.
Dans un communiqué publié ce lundi 5 mars, l’ancien gouverneur de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) Philippe-Henri Dacoury-Tabley est sorti de son mutisme et a invité le président ivoirien à revoir sa position, car « l’arrêt de la Cour africaine demandant la réforme de la CEI, pour la rendre conforme aux normes de l’Union africaine, n’est ni un avis ni une recommandation. Cet arrêt est une décision sans appel qui doit être obligatoirement appliquée par l’État de Côte d’Ivoire. »
Poursuivant, le vice-président de la coalition Ensemble pour la démocratie (EDS) interpelle le Chef de l’État sur les conséquences d’un refus d’appliquer cette décision judiciaire. « En refusant d’obtempérer à cette injonction, Alassane Ouattara aggrave son cas aux yeux du peuple ivoirien, de la Cour africaine et de l’Union africaine, dont elle est une institution spécialisée », a-t-il souligné.