Henri Konan Bédié maintient sa volonté de présenter un militant du PDCI comme le candidat du RHDP à la présidentielle de 2020. Cette position est d’autant plus ambigüe qu’il vient de signer avec les autres partis du RHDP un accord pour aller au parti unifié.
Henri Konan Bédié, un véritable « Sphinx » à Daoukro
Le sphinx est un monstre très énigmatique de la mythologie grecque, dont Œdipe réussit à triompher grâce son astuce et sa sagacité. C’est dire qu’il s’agit d’un être très futé et capable de donner du fil à retordre à ses concurrents. Aussi, la politique ivoirienne a son sphinx capable de dribbler partenaires et adversaires par ses prises de position qui déroutent plus d’un. Il s’agit en effet d’Henri Konan Bédié qui porte à merveille ce pseudonyme.
Pris entre le marteau du parti unifié et l’enclume du PDCI-RDA, le président du vieux parti essaie, tant bien que mal, de contenter les uns sans pour autant irriter les autres. C’est dire qu’il souffle véritablement du chaud et du froid dans chacune de ses sorties.
Reçu au palais présidentiel, le 10 avril dernier, par le président Alassane Ouattara, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) s’est montré favorable à la mise sur pied d’une nouvelle entité politique regroupant les partis de la majorité présidentielle. Mieux, six jours après cette rencontre, il a cosigné avec le RDR, l’UDPCI, l’UPCI, le MFA et le PIT, l’accord de principe pour la création du parti unifié dénommé Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Ce fut donc le branle-bas au sein du parti septuagénaire. Des jeunes du parti, épaulés par certains cadres tapis dans l’ombre, se sont levés pour dire non à la mort de leur parti. Ces derniers avaient par ailleurs annoncé des sit-in pour faire plier leur leader quant à aller au parti unifié.
Alors qu’on le croyait en difficulté avec sa base, le « Sphinx de Daoukro » resurgit de plus belle, prenant tout son monde à contre-pied. En effet, dans une déclaration faite depuis sa ville natale, l’ex-président ivoirien a tenu à s’expliquer : « Pour les investisseurs qui ont fait confiance à notre pays, cet Accord politique engage les partis membres du RHDP et tous les électeurs en Côte d’Ivoire à procéder aux prochaines municipales, régionales et présidentielle dans la sérénité, la sécurité de tous, et dans la non-violence. Autrement dit, dans la Paix. Nous disons cela pour rassurer les investisseurs dont certains commençaient déjà à craindre pour leurs activités et pour leurs projets. »
Poursuivant, il précise que « désormais au lieu de parler de parti unifié, il conviendrait de dire maintenant Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). Cela éviterait bien les amalgames et les confusions ».
Cette précision était d’autant plus opportune que certains militants de son parti avaient du mal à connaitre la véritable orientation politique que leur président était en train d’adopter ces derniers temps.
Et pour mieux les rassurer, Bédié réitère son ambition de faire d’un militant actif du PDCI, le candidat du RHDP à la présidentielle de 2020. Cette position qui n’est pas « négociable », selon ses propres dires lors d’une interview accordée au Magazine panafricain Jeune Afrique, est de nature à créer un véritable flou au sein de la coalition au pouvoir. Pour lui, le Rassemblement des républicains (RDR) devrait logiquement lui retourner l’ascenseur après le soutien à la candidature d’Alassane Ouattara en 2010 et sa réélection en 2015 à travers l’appel de Daoukro.
Mais Kouadio Konan Bertin dit KKB, l’ancien président des jeunes du PDCI, s’est interrogé lors d’un débat sur RFI : « À supposer que le RDR accepte, qui sera le candidat du PDCI ? »