Acquittés, mais toujours en détention, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé vont savoir dès le 1er février s’ils seront enfin libérés ou pas par la Cour Pénale Internationale (CPI). En attendant cette date, l’ancien Président ivoirien affiche une fermeté semblable à sa décision de rester jusqu’au bout à son poste lors de la crise de 2010 alors que sa résidence était bombardée par l’armée française. Il ne se voit pas sortir de la prison de Scheveningen pour une destination autre que Mama, son village, en Côte d’Ivoire.
Pour Laurent Gbagbo, c’est Mama ou la prison de Scheveningen
Non à la sortie d’une prison pour une autre. C’est en tout cas de cette façon que Laurent Gbagbo perçoit la proposition du Procureur qui veut qu’il soit en liberté conditionnelle dans un pays autre que la Côte d’Ivoire. Lors d’un échange avec un de ses proches rendu public sur Facebook, le père du pluralisme politique en Côte d’Ivoire a opposé une fin de non-recevoir à l’idée de séjourner en Belgique ou en Argentine, deux pays qui ont des accords avec la CPI pour accueillir en liberté provisoire des personnes poursuivies par cette cour de justice.
« De force et illégalement ils m’ont déporté à la Cour Pénale Internationale. Quand je suis arrivé ici, je le leur ai fait remarquer et je n’ai pas manqué de préciser : « Comme je suis là, nous irons jusqu’au bout « . Ils ont peut-être cru que c’étaient des paroles de prisonnier. À la moitié du procès, et sans même laisser comparaître mes témoins, huit ans après, la CPI a jugé que je suis innocent, lavé de tous les crimes odieux dont j’étais grossièrement et injustement accusé. Un acquitté dans toutes les justices recouvre la liberté. », aurait-il fait remarquer à son visiteur.
Toujours selon cet indiscret, Laurent Gbagbo a affirmé : « Ou je suis réellement acquitté et je rentre chez moi en CI, à Mama, ou qu’on me dise que le procès continue, mes témoins déposent et nous allons jusqu’au bout. Mes avocats ont demandé la liberté provisoire plus de dix fois, elle m’a été refusée. Nous ne sommes plus à ce stade. »
Laurent Gbagbo qui a montré son jusqu’au-boutisme à la face du monde en refusant de reconnaitre la victoire d’Alassane Ouattara après les élections de 2010 est sur le point de rééditer la même posture. « Comme ils m’ont déporté de force à la CPI, peut-être utiliseront-ils la même méthode pour m’enfermer dans un pays étranger, un pays hostile. Je n’accepterai jamais ce deal contre justice », aurait-il prévenu pour confirmer que sa sortie de la prison de Scheveningen ne sera possible que s’il retourne sur la terre de ses ancêtres où il a le deuil de sa mère à faire.
Marguerite Gado, la mère de Laurent Gbagbo, avait quitté le Ghana où elle était exilée après la crise pour mourir en Côte d’Ivoire quelques semaines après son retour. Enfermé depuis le 30 novembre 2011 à La Haye pour de supposés « crimes contre l’humanité », Laurent Gbagbo n’avait pas eu la possibilité d’accompagner sa mère à sa dernière demeure. Si sortir de Scheveningen ne va pas lui permettre d’entamer le travail de deuil de sa génitrice et de ses amis de luttes disparus, dont son « frère » Aboudramane Sangaré, une libération conditionnelle qui l’obligerait à rester dans un pays d’accueil n’aurait pour lui pas la même saveur que celle que lui a offert le juge Cuno Tarfusser, qui l’a disculpé de toutes les charges portées contre lui en décidant son acquittement.
« Je ne sortirai pas d’une prison pour une autre qui n’en dit pas son nom », aurait prévenu Laurent Gbagbo.