Bernard Dadié est décédé ce samedi 9 mars à l’âge de 103 ans. Ecrivain, Grand prix littéraire d’Afrique, homme politique, combattant de la liberté… les qualificatifs ne sont véritablement pas assez nombreux pour désigner l’un des plus grands écrivains africains, qui a connu une vie bien remplie. En hommage à ce grand homme, Afrique sur 7 publie une lettre écrite le 12 décembre 1949 par Bernard B. Dadié, alors qu’il était en prison pour les troubles de février 1949, pour une condamnation de seize mois.
Bernard Dadié écrit à son père depuis sa prison
Mon cher Papa,
Tout va bien ici. On nous a amenés cette fois-ci des geôliers sous le prétexte que le régisseur qui est là est trop bon, parce qu’il a essayé de faire la vie la moins dure possible aux détenus. Nous subissons tout avec courage puisque nous avons accepté de lutter. Notre dossier traine toujours.
Je te souhaite une bonne santé. Soigne-toi et ne te fatigue pas trop. Surveille seulement les travaux en en laissant tout à Ouattara A. Augustin s’il est de retour. Et mes frères et mes sœurs, comment vont-ils ? Assandé va remonter bientôt sur Agboville. Maintenant, les permis de communiquer se prennent chez le procureur lui-même, il paraît, après exhibition de papier d’identité.
On a remplacé tous les gardes, ceux qui sont venus, sont venus pour nous, dit-on, nous serrer la vis. Ils n’ont qu’à la serrer. Nous sommes à leur disposition. Mais en protestation de toutes ces histoires, nous avons décidé de faire la grève de la faim à compter de lundi 12/12. Comme ça, ils seront tous contents. Ils auront notre peau. Et M.Y. pourra danser. Le pauvre vieil homme ! C’est tout simplement triste pour lui.
Nous nous portons bien. Ne t’en fais pas. Prenez du courage, vous du dehors. Tu diras à ma mère que tout va bien ici.
Très affectueusement à toi, mon cher papa