L’opposition ivoirienne a proposé lundi à Abidjan le « changement de la dénomination » de la Commission électorale indépendante (CEI, en charge des élections) dont « l’histoire est chargée de souvenirs douloureux » selon ses représentants, en allusion aux violences régulières constatées lors des scrutins, lors d’une conférence de presse.
L’opposition souhaite que la CEI porte une nouvelle dénomination
« Nous, partis politiques de l’opposition ivoirienne, proposons notamment le changement de la dénomination de cette commission dont l’histoire est chargée de souvenirs douloureux », a dit le Secrétaire exécutif du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Maurice Kakou Guikahué, au siège de cette formation politique à Cocody (Est d’Abidjan).
L’opposition a en outre suggéré que la présidence de la commission soit assurée par « une personnalité de la société civile recrutée par appel à candidature », de même que les vice-présidents, et demandé « la participation des représentants des partis politiques tant du pouvoir que de l’opposition, avec une mission de contrôle et d’inspection du processus électoral au sein d’un comité présidé par un représentant de la société civile », entre autres.
Ces responsables politiques ont également souhaité que la « commission jouisse d’une véritable autonomie administrative et financière, des pouvoirs de décision (…), de saisine de juridictions compétentes en cas de violation de ses attributions et des réquisitions des forces de défense et de sécurité pour le bon déroulement des élections », a ajouté M. Guikahué.
« Nous luttons pour qu’il y ait zéro mort après les élections », a-t-il poursuivi, en présence d’opposants dont Ouattara Gnonzié du Rassemblement pour la paix, le progrès et le partage (RPP), Danièle Boni Claverie de ‘Union républicaine pour la démocratie (URD), Christine Konan du Front populaire ivoirien (FPI), ou encore Azoumana Moutayé du Mouvement des forces d’avenir (MFA).
Selon Maurice Kakou Guikahué, les « 24 partis d’opposition » qui ont validé le 1er mars un document unique contenant leurs propositions pour la « réforme profonde » de la CEI, sont « prêts et disposés (à) entamer des discussions avec le gouvernement (…) dans le cadre d’une concertation élargie et inclusive ».
Le 21 janvier, le gouvernement avait ouvert le premier round des consultations pour la réforme de la CEI avec l’opposition et d’autres organisations notamment des ONG et l’Union européenne, auxquelles un délai de deux semaines a été accordé pour communiquer leurs propositions. Celles-ci devraient être ensuite acheminées au ministère de l’Intérieur, chargé de les soumettre au gouvernement et préparer le second round des rencontres avec les autorités.
Tous les acteurs sont certes unanimes sur la nécessité d’une recomposition du bureau central dominé par les représentants du pouvoir (neuf commissaires centraux, dont cinq issus de l’administration), mais la réforme en profondeur ne fait, elle, pas l’unanimité.
Le gouvernement est favorable à un simple rééquilibrage des forces au sein de la Commission, alors que l’opposition voudrait un toilettage, allant jusqu’à la refonte du Conseil constitutionnel, du code et du découpage électoral.