Pascal Affi N’guessan, le président de la branche légale du Front populaire ivoirien (FPI), a opté pour l’abstention lundi dernier lors du vote en congrès, du projet de loi portant modification de la constitution ivoirienne. Cette abstention du député de Bongouanou, lui a valu d’être la cible d’attaques et autres invectives venant de certains militants des formations politiques membres de l’opposition. Dans la contribution ci-dessous, Jean Bonin, cadre du FPI proche de l’ancien Premier ministre, fait une mise au point concernant les motivations réelles de l’abstention de son mentor.
Pourquoi le président Affi a-t-il opté pour l’abstention lors du vote de la modification constitutionnelle ?
Ce qui caractérise certains opposants ivoiriens, c’est leur inconstance. Ainsi, les GOR sont dans une logique manichéenne qui commande qu’ils disent systématiquement NON dès lors que le RHDP et Alassane disent OUI, et cela même si l’acte posé va dans le sens des intérêts du peuple. En agissant ainsi ils croient naïvement s’opposer au parti au pouvoir. Manifestement ils confondent syndicalisme et politique. Le PDCI, lui, adopte délibérément, tel un caméléon, une posture opportuniste.
C’est à dire qu’il change de conviction en fonction de ses intérêts égoïstes du moment. Ainsi, sur un même sujet, ils peuvent dire OUI le matin et NON l’après-midi. C’est un flagrant manque de respect pour leurs « suiveurs ». Analysons. Alors que le 30 octobre 2016 l’opposition ivoirienne appelait au boycott du référendum sur la nouvelle Constitution, le PDCI et les Soroïstes, eux, parcourraient le pays pour faire la promotion du OUI à une constitution qui permettrait au pouvoir d’en modifier des dispositions sans nécessairement demander son avis au peuple, contrairement à celle de 2000.
Comment ne pas donc être surpris de constater, qu’à peine 4 ans après avoir soutenu une constitution, aujourd’hui, les mêmes du PDCI et les Soroïstes, inopportunément, s’offusquent de ce que le pouvoir veuille modifier la constitution de 2016 sans recourir au vote référendaire ? Ont-ils oublié qu’à l’époque où ils filaient le parfait amour avec le RDR, Affi lui s’activait à organiser un sit-in devant l’Assemblée Nationale pour empêcher le vote du projet de loi constitutionnelle ? Quelle incongruité de leur part !De même, le 18 décembre 2018, prenant acte du résultat du vote référendaire, le président Affi NGuessan appelait les populations à aller voter massivement en faveur des candidats du FPI pour bloquer l’application de la nouvelle constitution au parlement.
Rien que pour que le président Affi n’ait pas suffisamment d’élus, les GOR eux faisaient campagne contre les candidats du FPI, au même titre que ceux du RHDP (PDCI-RDR-Soroïstes…). C’est cette alliance de fait qui a privé le FPI du nombre nécessaire d’élus qui lui aurait permis de faire contrepoids au parti présidentiel. Je suis donc étonné que ce soit ces mêmes ex. RHDP du PDCI et les Soroïstes, ainsi que les GOR, dont le boycott semble être inscrit dans leur ADN, qui aujourd’hui s’offusquent de ce que le président Affi s’abstienne de voter la modification constitutionnelle introduite par le pouvoir. Comment peut-on vouloir une chose et son exact contraire ! Le président Affi n’a pas voté les modifications sur la constitution de 2016 parce qu’il est logique avec lui-même et est resté constant.
En effet, sa position est qu’en attendant l’avènement de la 4ème république il ne se sent pas concerné par la modification ou non de la constitution de 2016 qu’il avait appelé à boycotter. Voter OUI signifierait qu’il est d’accord avec les modifications introduites dans une constitution qu’il a appelé à boycotter en 2016, ce qui bien évidemment n’est pas le cas. Voter NON induirait qu’il est favorable à ce que l’actuelle constitution reste en l’état alors que déjà, en 2016, il avait explicitement appelé les ivoiriens à la boycotter. Aussi, en s’abstenant de voter oui ou non à la modification proposée il reste dans sa logique de ne pas se sentir concerné par les changements ou non qui pourraient être fait à une constitution qu’il a combattue ; c’est une question de bon sens élémentaire.
De tout ce qui précède, les GOR, les Soroïstes et le PDCI devraient faire profil bas et être les derniers à critiquer le choix politique du président du FPI de ne voter ni OUI ni NON mais de s’abstenir. De toute façon, grâce au soutien, en 2016, du PDCI, des GOR et des Soroïstes qui ont permis que le président Ouattara puisse nommer 1 tiers des sénateurs, le RHDP a la majorité des 2/3 au congrès. Dès lors, qu’importe le vote du président Affi dont vous dites pourtant qu’il ne représente pas l’opposition significative ? Chers opposants inconstants (GOR) et opportunistes (PDCI et GPS), soyez pour une fois courageux en assumant pleinement les conséquences de votre amateurisme politique et ne trouvez pas en Affi NGuessan le bouc émissaire de vos égarements.
Jean Bonin
Juriste
Citoyen ivoirien