Que deviendra Kouadio Konan Bertin à la suite de l’élection présidentielle de 2020 ? Seul candidat face à Alassane Ouattara, KKB est pris entre deux destins diamétralement opposés de deux autres leaders politiques ivoiriens qui lui ont emboîté le pas dans cette même posture.
Double candidat à la présidentielle, KKB à la croisée des chemins
Kouadio Konan Bertin est à la croisée des chemins. C’est le moins que l’on puisse dire après que l’ancien député de Port-Bouët se soit porté candidat au scrutin présidentiel du 31 octobre dernier. Alors qu’Henri Konan Bédié (PDCI) et Pascal Affi N’Guessan (FPI), deux candidatures validées par le Conseil constitutionnel) se sont retirés de cette élection pour contester la légitimité de la candidature du président sortant, Alassane Ouattara, à un 3e mandat.
Au jour du scrutin, KKB s’est toutefois rendu à Lakota, son village maternel, où il glissé son bulletin dans l’urne. Selon les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI), confirmés par le Conseil constitutionnel, l’ancien président des jeunes du PDCI est arrivé en 2e position derrière Alassane Ouattara, avec 53 330 voix, soit 1,66 % des suffrages exprimés.
Courageux pour les uns, traitre pour les autres, Kouadio Konan Bertin dit être allé à ces élections pour « éviter la guerre à la Côte d’Ivoire ». Il a d’ailleurs félicité son adversaire, le président Ouattara, après la proclamation de sa victoire. Ce dernier lui a également renvoyé l’ascenseur en saluant, lors d’un discours, l’attitude républicaine de KKB.
Les cas Gbagbo et Wodié pour servir de témoignages à KKB
L’histoire de l’ancien poulain de Bédié s’apparente à celle de deux autres leaders politiques ivoiriens, qui mérite d’être contée.
Au début du multipartisme, alors que toute l’opposition ivoirienne avait décidé de ne pas aller à l’élection présidentielle du 28 octobre 1990, Laurent Gbagbo a pris sur lui la responsabilité de se présenter seul contre Félix Houphouët-Boigny. Le score 18,3 % des suffrages confèrera par la suite le statut de chef de l’opposition au fondateur du Front populaire ivoirien (FPI). Parti qui obtiendra par ailleurs neuf (9) sièges sur 175, lors des législatives de la même année, avec Gbagbo, élu député dans la circonscription de Ouaragahio, sa ville natale. Le 26 octobre 2000, Laurent Gbagbo finira par remporter l’élection présidentielle face au général Robert Guéi.
Rebelote cinq années plus tard. L’opposition ivoirienne lance un mot d’ordre de boycott actif de l’élection présidentielle de 1995. Le Pr Francis Wodié décide toutefois d’aller à ce scrutin, tout seul, contre Henri Konan Bédié. Le Président du Parti ivoirien des travailleurs (PIT) est battu à plate couture et s’en sortira avec le menu fretin de 65 486 voix, soit 3,84 % des suffrages exprimés. En 2000 (5,70 % des voix) et en 2010 (0,29 %), ce fut encore la débâcle pour cet éminent juriste. Ministre de l’Enseignement supérieur (1998 – 1999), Wodié ne terminera sa carrière politique que sur la note d’une démission du Conseil constitutionnel, où il avait été bombardé par Alassane Ouattara (25 juillet 2011 – 3 février 2015).
Comparaison n’est certes pas raison, mais ces deux cas de figure susindiqués offrent des pistes bien éloquentes de ce que pourrait être le destin de KKB : devenir Président de la République ou sortir par la petite porte ? Bien malin qui pourrait prédire l’avenir de cet acteur politique ivoirien qui vient de participer, en tant que candidat indépendant, à deux élections présidentielles infructueuses (2015 : 3,88 % des suffrages; 2020 : 1,66 % des suffrages).