Le procès des massacres de Duékoué, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, a repris mercredi 7 avril 2021, à la Cour d’Assises d’ Abidjan, après trois jours de suspension.
Massacre de Duékoué : Amadé Ourémi fait de graves accusations
À la barre, l'accusé Amadé Ourémi a fait de nouvelle révélations dans le cadre du procès le concernant, sur le massacre perpétré en mars 2011 dans la ville de Duékoué, une localité de l'ouest de la Côte d'Ivoire. Au moins 800 personnes, supposées proches de Laurent Gbagbo, l'ancien président ivoirien, avaient été massacrées entre le 28 et le 29 mars dans le quartier de Duékoué Carrefour.
Seul accusé à la barre, l'ancien chef de milice, Amadé Ouérémi qui estime avoir été piégé, révèle qu'il n'est pas le seul auteur de ces massacres. « Toujours quand les gens, ils viennent, ils me font des photos; or c'est aujourd'hui que j'ai compris que c'était pour me piéger. Je ne suis pas seul. On était beaucoup. Parmi nous, il y avait des guinéens et des Dioula. Moi-même j'étais là-bas. Je ne vais rien cacher je vais tout verser : tout expliquer », a-t-il expliqué.
Pour lui, les deux principaux responsables du carnage perpétré dans l'ouest du pays, ne sont autres que les présidents Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, les deux protagonistes de la crise militaro-politique de 2010-2011. « Qu'on appelle tous les responsables de la rébellion et chacun va s'expliquer. Moi en 2011, je n'ai pas pris fusil. Dans la rébellion, il y a deux grands responsables, c'est le président Gbagbo et puis le président Ouattara», s'est défendu l'ancien seigneur du mont Péko.
Le récit accablant d'un témoin des massacres
L'ancien supplétif des Forces rebelles de Guillaume Soro, est en effet le présumé responsable des massacres de Duékoué. Son procès devant la Cour d'assises d' Abidjan, s'est ouvert depuis le 25 mars dernier. Les témoins qui se sont succédé à la barre, depuis l'ouverture de l'affaire, estiment l'avoir bel et bien aperçu sur le théâtre des massacres.
« La ville a été prise la veille, le 28, aux environs de 21 h. Les forces de l'ordre sont partis le même soir. C'est le lendemain 29 dans l'après-midi, les hommes de Amadé Ourémi sont arrivés à Duékoué carrefour pour se venger des Guéré (ethnie de l'ouest ivoirien). Il n'y avait pas eu d'affrontements. Ce sont des hommes venus du mont Péko qui frappaient à la porte des gens et quand on leur ouvrait la porte, ils tiraient systématiquement sur les hommes. Des hommes étaient fusillés. Tous les corps qui étaient à Duékoué carrefour étaient les corps de civils; en général, des vieillards. J'ai moi-même mené des investigations. J'ai vu et photographié les corps », a révélé un témoin au sujet des massacres de Duékoué.
« Je n'ai pas dit qu'on m'a expliqué. J'ai vu et entendu Amadé qui parlait avec ses hommes devant la gendarmerie dire et je cite : « aujourd'hui à Duekoué carrefour, il n'y a plus de vivant. On a éliminé tout le monde et ceux qui vivent encore sont en train de se chercher pour sauver leur vie. Je vous le dis, Amadé était un roi, le roi du mont Péko. Il était plus qu'un seigneur. Ses hommes pour lui parler se mettaient à terre. Amadé a agi comme un chef d'une armée et non comme quelqu'un qui recevait des ordres », a mentionné ce témoin.