Emmanuel Macron, le chef de l’ Etat français, se dit très préoccupé par les violences survenues ce mardi matin à N’ Djaména au Tchad et dans plusieurs autres localités de l’intérieur du pays. Les violentes manifestations qui ont éclaté tôt ce matin dans le pays, ont fait au moins deux morts et une trentaine de blessés.
Tchad : L’opposition se braque contre la transition militaire et l’ingérence d’ Emmanuel Macron
La tension est montée d’un cran tôt ce mardi dans plusieurs villes du Tchad. À l’appel des leaders politiques de l’opposition et de certaines organisations de la société civile, des milliers de Tchadiens sont descendus dans les rues pour protester contre la transition militaire en cours dans le pays et l’ingérence de la France dans les affaires de ce pays de l’ Afrique centrale. Ces manifestations réprimées violemment par les forces de l’ordre ont fait au moins deux morts et une vingtaine de blessés, apprend-on de sources sécuritaires.
Depuis le 11 avril dernier, date de l’offensive militaire menée par les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), le pays a replongé dans une nouvelle spirale de violence. Idriss Deby, le chef de l’ Etat qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis une trentaine d’années, a été mortellement atteint le 19 avril 2020, à Mao, à quelque 300 kilomètres au nord de N’ Djamena, alors qu’il prenait activement part aux combats avec sa garde rapprochée sur la ligne de Front. La relève a aussitôt été prise par son fils Mahamat Idriss Deby, 37 ans, général de corps d’ armée, propulsé à la tête d’un Conseil militaire de transition (CMT).
Une initiative perçue par l’opposition comme une violation flagrante de la Constitution tchadienne. » La CTDDH et toutes les organisations sœurs de la société civile citoyenne sont engagées à barrer la route au CMT et exigent le retour immédiat à l’ordre constitutionnel en vue de l’organisation d’une transition consensuelle et apaisée, unique solution pour sauver le Tchad du chaos (…) La CTDDH demande à la France de se tenir à distance du problème Tchadien, elle tient Emmanuel Macron, parrain du CMT, de responsable de tout ce qui adviendra », met en garde le comité exécutif de la CTDDH.
Le CMT appelle à l’apaisement
Du côté de la junte militaire, l’on semble plutôt jouer la carte de l’apaisement. Mahamat Idriss Deby, le nouveau président Tchadien, a appelé, dans une adresse à la nation, l’ensemble des populations à un sursaut patriotique. » Dans un sursaut patriotique, nous devons faire taire les rancœurs et les incompréhensions, transcender les intérêts égoïstes et surmonter les divisions pour se concentrer sur l’essentiel, l’intérêt supérieur du Tchad. Ce combat pour demain commence aujourd’hui. Et pour gagner ce pari, il faut absolument, impérativement et nécessairement une action collective et une contribution générale pour la paix, la paix des cœurs », a appelé le président du CMT.
Il a par ailleurs lancé un appel à l’endroit de tous les Tchadiens exilés à regagner le pays pour ensemble bâtir les sillons d’une nation réunifiée, réconcilié et en paix. » Tous nos compatriotes, en exil, pour une raison ou une autre et qui sont loin de leurs terres, doivent rentrer au pays pour le bâtir ensemble. Leurs frères, leurs fils, leurs parents les attendent comme nous les bras ouverts dans l’esprit de paix et de réconciliation. Nous devons être des citoyens pacifiques et trouver tous ensemble des solutions à nos dissensions pour surmonter nos défis communs », a exhorté le président du CMT. L’objectif du processus engagé par le Conseil militaire de transition, assure-t-il, est de « nous permettre d’organiser des élections démocratiques, libres et transparentes dans les meilleurs délais ».
Emmanuel Macron contre « un plan de succession »
L’évolution de la situation au Tchad est suivie de près à l’étranger. Le pays étant l’un des principaux soutiens des pays européens, notamment de la France dans la lutte contre le terrorisme dans les pays du Sahel. Vendredi dernier, lors des obsèques du défunt président Idriss Deby Itno à N’Djamena, Emmanuel Macron a clairement affiché le soutien de la France aux populations du Tchad. » La France ne laissera jamais personne remettre en cause et ne laissera jamais personne menacer, ni aujourd’hui, ni demain la stabilité et l’intégrité du Tchad », a-t-il prévenu. Une sévère mise en garde contre les rebelles du FACT, qui préparaient une descente sur la capitale politique tchadienne.
Avec les nouvelles manifestations de ce mardi au Tchad, l’époux de Brigitte Macron qui recevait son homologue congolais à l’ Elysée, a fermement condamné la répression des manifestants par l’armée. Il a réitéré sa position ainsi que celle de la France de soutenir une « transition pacifique » et non pas un « plan de succession ». « Je suis pour une transition pacifique, démocratique et inclusive. Je ne suis pas pour un plan de succession. La France ne sera jamais aux côtés de celles et ceux qui forment ce projet », a averti le président français, invitant la junte militaire à respecter ses engagements. « Le temps est venu pour l’ouverture d’un dialogue politique nationale, ouvert à tous les Tchadiens. C’est ce qui est attendu du CMT et c’est la condition de notre soutien », a indiqué le président Emmanuel Macron.