Bah N’Daw a reçu en audience les leaders du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), ce jeudi 6 mai, au palais de la présidence malienne. Au cours de leurs échanges, Choguel Kokalla Maiga, chef du M5-RFP s’est voulu très incisif envers le président de la transition malienne.
Rencontre avec Bah N’Daw : Les 10 Commandements du M5-RFP
Le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), qui a connu son impulsion sous l’autorité spirituelle de l’Imam Mahmoud Dicko, avait annoncé une refondation du Mali. Les leaders de ce mouvement citoyen avaient subordonné les discussions avec les autorités de la transition à la fin du mois de Ramadan.
Mais toute occasion étant bonne à saisir, Choguel Kokalla Maiga, Président du Comité Stratégique du M5-RFP, a tenu à asséner ses vérités à Bah N’Daw, président de la transition malienne lors de l’audience à lui accordée, ce jeudi 6 mai 2021, au palais de Koulouba à Bamako. Aussi, dans son allocution, Choguel Maiga n’a pas manqué de décliner les piliers de la refondation annoncée par son mouvement en dix (10) Commandements.
1) La lutte implacable contre la corruption, la réduction du train de vie de l’Etat, la transparence et la redevabilité à tous les niveaux. D’énormes ressources pourraient ainsi être affectées à la satisfaction de la demande sociale pour freiner la paupérisation croissante et la hausse insupportable du coût de la vie ;
2) La mise en œuvre de véritables poursuites judiciaires contre les commanditaires, auteurs et complices des tueries et exactions contre les victimes de la crise ;
3) L’audit du patrimoine immobilier de l’État et des Collectivités territoriales ainsi que des ressources publiques allouées à certains départements ministériels, services stratégiques et projets de développement ;
4) L’organisation des Assises Nationales pour la Refondation devant aboutir à un large consensus national sur les grandes préoccupations de la Nation ainsi qu’à la conclusion d’un Pacte national de stabilité sociale, sécuritaire et de croissance, afin d’obtenir une trêve globale (politique, sécuritaire, syndicale, sociale et économique, etc.) et créer un climat d’apaisement, de sérénité, de confiance mutuelle ; cette stabilité permettra de consacrer les énergies et les ressources de la Nation à la lutte contre le terrorisme et à la conduite consensuelle dans la paix des réformes politiques et institutionnelles nécessaires à la Refondation du Mali ;
5) La révision consensuelle et inclusive de la Constitution, dans le respect de son article 118 ;
6) La relecture de l’Accord pour la paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, conformément aux recommandations unanimes de nombreux foras, après une évaluation des six (6) années de tentatives d’application, et dans le respect des principes fondamentaux d’unité nationale, d’intégrité du territoire national, de souveraineté de l’État et de la forme républicaine et laïque de l’État ;
7) La mise en place d’un organe unique de gestion des élections tel que réclamé unanimement par la classe politique et la société civile ;
8) La dissolution du Gouvernement et de l’actuel Conseil National de Transition et son remplacement par un organe plus respectueux de la Loi et plus légitime. Nous rappelons à cet égard qu’une procédure en dissolution a été introduite auprès de la Cour suprême par notre mouvement ;
9) La fin de la répression des manifestations démocratiques et pacifiques qui sont des droits constitutionnels, des arrestations abusives et extrajudiciaires, des faits du prince contre des populations démunies et en violation de la Loi comme les démolitions d’habitations.
10) Enfin, la création des conditions sécuritaires sans lesquelles le retour de l’Administration et la fourniture des services sociaux de base seront des leurres. Tout comme l’organisation des élections libres et crédibles serait pure illusion. Or pour nous, cette Transition doit durer 18 mois, pas plus, et les missions et tâches qui ne seront pas exécutées dans ce laps de temps devraient être transférées à des équipes plus légitimes et plus compétentes, et ce en stricte conformité avec les conclusions et résolutions des Assises nationales de la refondation à la mise en œuvre desquelles tous les acteurs politiques et de la Société civile se seront préalablement engagés avant les élections générales.
Au terme de son allocution, Choguel Maiga a indiqué au chef d’État malien que, sans langue de bois, il a dit ce qu’il pense être le mieux pour le Mali. Et ce, par bonne foi et par patriotisme, afin que celui-ci prenne ses responsabilités face à l’histoire et au peuple malien.