La force française Barkhane a-t-elle commis une bavure lors du bombardement d’un mariage de civils à Bounty ? Même si les autorités françaises tentent une dénégation des faits, le rapport des Nations unies vient bien les clouer au pilori. La réaction de l’État major des armées françaises ne s’est toutefois pas fait attendre.
Barkhane et la Minusma s’empoignent autour de l’attaque de Bounti
3 janvier 2021, une frappe aérienne avait touché Bounti, localité du centre du pays, faisant une trentaine de victimes. Dans un communiqué conjoint, le ministère malien de la Défense et l’opération française Barkhane ont expliqué, cinq jours plus tard que l’aviation française avait neutralisé un groupe de terroristes de la katiba Serma.
Le rapport produit par la Direction des droits de l’Homme de la Minusma, mission de l’ONU au Mali, vient cependant battre en brèche cette déclaration, en indiquant clairement que « le rassemblement consistait en une célébration de mariage qui a réuni une centaine de personnes, en majorité des civils habitant Bounti, à l’exception des cinq présumés membres de la Katiba Serma. »
Poursuivant, la mission onusienne martèle que le groupe touché par la frappe était très majoritairement composé de civils. Cette catégorie de personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire. « Cette frappe soulève des préoccupations importantes quant au respect des principes de la conduite des hostilités, notamment le principe de précaution dont l’obligation de faire tout ce qui est pratiquement possible pour vérifier que les cibles sont bien des objectifs militaires », s’indignent les auteurs du rapport sur les frappes de Bounti.
Il n’en fallait pas plus pour soulever le courroux du général François Lecointre. « Très clairement, il s’est agi d’une attaque contre l’armée française, contre l’opération Barkhane, contre la légitimité de nos engagements », a déclaré le Chef d’état-major des armées françaises à Le Figaro. Pour le haut gradé français, ce rapport « découle pour une part d’une manipulation » qui n’a pour autre but que de chercher à « entraver », « discréditer », « délégitimer » et surtout à « monter les populations » contre l’action de la force Barkhane au Mali.
L’enquête onusienne, faut-il le noter, a été menée par une « mission spéciale d’établissement des faits » du 4 janvier au 20 février 2021, déployée par la division des droits de l’homme et de la protection de la Minusma, avec l’appui notamment de la police scientifique des Nations unies.
Il apparaît de toute évidence que cette affaire du bombardement de Bounti est loin d’avoir livré ses tenants et aboutissants.
Nous y reviendrons.