Au cours de son voyage à Kigali, le 27 mai dernier, Emmanuel Macron a reconnu des responsabilités de la France dans le génocide rwandais. Mais le président français rejette toute complicité de son pays dans cette tragédie qu’a connu le pays des mille collines. Coïncidence pour coïncidence ? L’Allemagne vient de reconnaître le génocide perpétré lors de la période coloniale en Namibie, promettant un arrangement financier pour soutenir le développement dudit pays.
Génocide rwandais : La France responsable, mais pas complice, selon Macron
Avril 1994, alors que l’avion du président rwandais d’alors, Juvenal Habyarimana, venait d’être abattu, un génocide a été lancé contre les populations tutsies. Trois mois de calvaire au pays des mille collines. Le génocide rwandais a en effet fait plus de huit cent mille victimes lors de cette période apocalyptique. L’armée française était alors en mission dans ce pays à travers l’opération turquoise. En dépit de nombreux rapports des ONG et autres témoignages qui incriminaient la France dans cette tragédie, Paris a toujours rejeté avoir pris part à ce génocide. Les relations entre Paris et Kigali.
Mais dans le cadre de la normalité ces relations franco-rwandaises, Emmanuel Macron a effectué une visite hautement diplomatique au Rwanda, où il a reçu un accueil chaleureux de la part de Paul Kagamé.Lors de son allocution au mémorial de Gisozi, jeudi, le président français a « reconnu des responsabilités, mais pas de complicité de la France dans le génocide ». « Ses paroles avaient plus de valeur que des excuses, elles étaient la vérité », a déclaré Paul Kagamé, président rwandais, qui n’a pas manqué de saluer « le courage immense » de son « ami » Emmanuel Macron, selon le confrère RFI.
Le fait que le président français reconnaisse la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis a largement satisfait Paul Kagame. « Ses paroles avaient plus de valeur que des excuses, elles étaient la vérité », a commenté le président rwandais qui a également tenu à saluer « le courage immense » de son « ami ».
L’Allemagne reconnaît le génocide namibien
Cependant, l’Allemagne vient de son côté de franchir le pas en reconnaissant, pour la première fois, avoir commis un « génocide » en Namibie contre les populations Herero et Nama de 1884 et 1915, pendant la période coloniale. « Nous qualifierons maintenant officiellement ces événements pour ce qu’ils sont : un génocide », a déclaré, ce vendredi 28 mai, Heiko Maas, chef de la diplomatie allemande. Avant de préciser la démarche que son pays entend entreprendre les mois à venir : « Nous allons demander pardon à la Namibie pour les atrocités commises. Cette responsabilité historique et morale va nous conduire à demander pardon à la Namibie et aux descendants des victimes ».
Cette reconnaissance intervient toutefois à la suite de cinq ans de longues et laborieuses négociations entre les deux États. À cet effet, Berlin prévoit verser 1,1 milliard d’euros sur 30 ans afin de soutenir des projets d’infrastructures au profit des populations Herero et Nama. Une ratification de cet accord par les Parlements allemand et namibien est toutefois nécessaire.
Comparaison n’est certes pas raison, mais le timing de la reconnaissance du génocide namibien par l’Allemagne pourrait bien s’apparenter comme une certaine leçon de Berlin à Paris, alors que le Président Macron vient d’effectuer un voyage hautement politique et diplomatique au Rwanda.