Henri Konan Bédié se veut très critique vis-à-vis du bilan économique d’Alassane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire. Pour le Président du PDCI-RDA, si le miracle économique ivoirien a un père, c’est bien Félix Houphouët-Boigny.
Henri Konan Bédié ignore le bilan économique de Ouattara
Naguère alliés politiques, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ne sont plus sur la même longueur d’onde. Le divorce entre le président ivoirien et le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) est parti de leur désaccord à propos de l’alternance de l’un en faveur de l’autre. Ayant soutenu l’élection (2010) et la réélection (2015) du Président Ouattara, le Sphinx de Daoukro attendait en effet un retour d’ascenseur en faveur d’un militant actif du PDCI pour l’élection présidentielle de 2020.
Mais le chef de l’État, lui, a préféré, en collaboration avec les cadres de son parti, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), désigner le Premier ministre d’alors, Amadou Gon Coulibaly, avant de revenir lui-même dans l’arène après le brusque décès de son dauphin.
Protestant contre le troisième mandat d’Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié, le désormais chef de file de l’opposition ivoirienne, a donc lancé un mot d’ordre de désobéissance civile et de boycott actif du scrutin présidentiel. La crise pré et postélectorale qui s’en est suivie a causé la mort de 87 personnes, dont un décapité, 484 blessés et d’importants dégâts matériels, ainsi que de nombreuses arrestations dans les rangs des opposants. L’opposition a par ailleurs créé le Conseil national de transition (CNT), un gouvernement bis, qui n’a cependant pas fait long feu.
En dépit de toutes les tentatives de rapprochement entre Bédié et Ouattara, le premier cité vient de lancer un tweet qui dénie au second la paternité du miracle ivoirien. « Le miracle économique ivoirien, reconnu par le monde entier, c’est bien notre peuple qui l’a réalisé sous l’impulsion du PDCI-RDA et du Président FÉLIX HOUPHOUËT-BOIGNY ! Le PDCI a construit notre cher pays sur des bases solides !» a écrit le président Bédié, avant d’ajouter : « Des bases qui ont permis et qui permettent encore aujourd’hui à notre pays de plier sans fléchir sous les crises politiques, les crises économiques et sociales depuis trois décennies. »
Ces propos apparaissent pourtant, quelque peu contradictoires, à ceux tenus par Henri Konan Bédié pour lancer l’appel de Daoukro, en septembre 2014, ou encore la maxime lancée lors de l’inauguration de troisième pont dénommé Henri Konan Bédié, le 16 décembre de la même année. « Ce pont vaut à lui seul un second mandat », avait lancé l’ancien chef d’État.
À noter toutefois que depuis son accession à la Magistrature suprême, Alassane Ouattara évoque une émergence de la Côte d’Ivoire, avec les ponts, les routes et autres infrastructures économiques. La croissance économique a par ailleurs avoisiné les deux chiffres, avant que la pandémie du Coronavirus ne vienne freiner cette lancée.