En Haïti, le gouvernement a dénoncé jeudi un «attentat terroriste» après une fusillade au cours de laquelle quinze personnes ont été tuées à Port Au Prince, dans la nuit de mardi à mercredi, dont un journaliste et une militante politique d’opposition.
Fusillade en Haïti: Le Gouvernement accuse Fantom 509
Le policier Guerby Geffrard, porte-parole du syndicat de police SPNH-17, en conflit ouvert avec l’administration centrale des forces policières, a été tué plutôt dans la journée. Puis dans la nuit de mardi 29 juin à mercredi 30 juin, au moins 15 personnes ont été tuées par balles dans la capitale haïtienne.
Selon Le Monde, des photos des corps sans vie du journaliste de la radio Vision 2000, Diego Charles, au sol, et d’Antoinette Duclair, militante féministe et engagée pour le parti d’opposition Matrice Libération, au volant de sa voiture, circulaient sur les réseaux sociaux haïtiens dès les premières heures du matin. Les deux victimes étaient âgées de 33 ans.
« En réaction à l’assassinat de Guerby Geffrard, ses alliés ont concocté la fusillade de ce matin qui a entraîné la mort de quinze paisibles citoyens », a affirmé le directeur de la police, Léon Charles, lors d’un point presse.
« C’est Fantom 509 qui a fait cela », a répété Léon Charles jeudi aux côtés des ministres, avant d’adresser un message aux membres du groupe accusé. « Au lieu de laisser la justice faire son travail, vous avez voulu vous rendre justice, mais la police, le pays, la communauté internationale n’accepteront pas cela », a affirmé M. Charles.
Les autorités haïtiennes n’ont pas encore fourni de détails étayant cette accusation. « Les éléments de l’enquête qui est menée auprès des proches des victimes, en étudiant le parcours qu’ils (auteurs de la fusillade) ont réalisé, nous permettent de savoir quel groupe est derrière cette attaque », a simplement répondu Jean Walnard Dorneval, ministre haïtien de la Défense, à Rfi.
Le directeur général de la police nationale d’Haïti a déclaré qu’une enquête avait été ouverte « pour retracer tous les auteurs et coauteurs des crimes commis ».
Fantome 509: La police haïtienne au bord de l’implosion
Principale force de sécurité du pays, la police nationale d’Haïti est au bord de l’implosion avec la montée en puissance d’un courant insurrectionnel au sein de ses effectifs, déjà trop maigres face aux gangs.
Si Haïti est devenue la première République noire de l’histoire grâce à la victoire de son armée indigène sur les troupes napoléoniennes, les forces de l’ordre du pays sont aujourd’hui tenues en échec par les bandes criminelles.
« Les gangs se sont dotés d’un arsenal de guerre avec une puissance de feu supérieure à celle de la police et de l’armée, avec des lignes d’approvisionnement ininterrompues en munitions de guerre », analyse M. Michel, ancien professeur d’histoire militaire., dans l’Obs.
Fantom 509 est un groupe formé de policiers et d’anciens policiers qui s’est fait connaître début 2020 en incendiant les stands du carnaval à l’issue d’une manifestation de policiers organisée pour obtenir le droit de former un syndicat.
Sillonnant la ville à moto, ils saisissent les clés de véhicules qu’ils placent au travers des grands axes. Certains, cagoulés et en uniforme, tirent en l’air avec leur arme de service.
Mars 2021, un policier mobilisé pour empêcher de tels débordements a été tué par des collègues affiliés à Fantom 509, selon les premiers éléments de l’enquête de la mission locale de l’ONU.
Qualifiant Fantom 509 de « groupe terroriste », la direction générale de la PNH a depuis renvoyé plusieurs policiers présumés membres de ce mouvement insurrectionnel et émis des avis de recherche contre eux.
Premier sur la liste, Jean Edler Lundi, coordonnateur du syndicat de la PNH, dénonce une persécution politique du pouvoir en place. Diego Charles, reporter pour la radio Vision 2000 et le média en ligne Gazette Haïti, est le quatrième journaliste tué dans le pays depuis 2018.
Aucune enquête n’a abouti sur les précédents assassinats et l’impunité perdure également face à la mainmise grandissante des gangs sur le pays.