En Côte d’Ivoire, les guides religieux chrétiens et musulmans envisagent la mise en place d’une plateforme d’échanges en vue de prévenir les conflits socio-politiques liés aux élections.
Prévention des conflits électoraux en Côte d’Ivoire: Guides religieux chrétiens et musulmans veulent prendre leurs responsabilités
Une délégation du Conseil supérieur des Imams, des mosquées et des affaires islamiques, conduite par son président, Cheick Aïma Ousmane Diakité, a été reçue en audience, jeudi 2 septembre 2021, par l’ Abbé Eric Norbert Abekan, fraichement nommé secrétaire exécutif national de la commission épiscopale Justice, paix et environnement du Clergé catholique ivoirien. Au menu des échanges, la création dans les prochains jours, d’une structure qui aura pour mission de travailler à la prévention des conflits socio-politiques liés aux élections en Côte d’Ivoire.
« Il vaut mieux prévenir que guérir, explique l’imam à la tête d’une délégation venue féliciter le prêtre pour sa nomination. C’est tous les cinq ans, au moment de prendre le pouvoir qu’ils (les leaders politiques NDLR) commencent à se battre. Maintenant qu’il y a une accalmie, c’est le bon moment pour nous de mettre en place une structure pour parler d’une seule voix», a déclaré le guide religieux musulman, à l’issue de la rencontre. Cheick Aïma Ousmane Diakité se dit convaincu qu’ aucun politicien intelligent ne peut rester indifférent aux interpellations des guides religieux chrétiens et musulmans qui parlent d’une même voix.
Dans cette perspective, « le plus dur, c’est que nous-mêmes les religieux, nous puissions nous entendre pour collaborer pour le bonheur spirituel de nos fidèles et le bonheur social de nos concitoyens, estime le guide religieux musulman. La Côte d’Ivoire a besoin de voir ses guides religieux ensemble. Cela est une sécurité pour nos fidèles et pour l’ensemble de nos concitoyens », a-t-il soutenu. Honoré par cette visite du premier responsable du culte musulman, le père Abékan a accueilli favorablement cette proposition et suggéré à ses hôtes d’étendre leur projet de collaboration aux questions liées à la protection de l’environnement.
« Nous avons tellement agressé la nature que nous voyons aujourd’hui les conséquences. Il faut également anticiper dans ce domaine, travailler ensemble. Voir des jeunes chrétiens, musulmans et d’autres religions faire ensemble une plantation d’arbre et d’autres actions concrètes, sera un signal très fort », explique-t-il. La Côte d’Ivoire, faut-il le rappeler, fait face depuis des années, à une récurrence de conflits pré et postélectoraux. La plus violente fut celle de 2010-2011 qui a fait plus de 3000 morts, selon un bilan officiel des Nations Unies.