Soro Guillaume vit en exil depuis près de deux ans et est sous le coup d’une double condamnation prononcée par la justice ivoirienne. Pour le confrère Jeune Afrique, c’est bien le manque de patience de l’ancien chef rebelle qui est en passe de briser sa carrière politique.
« Sans doute », Soro Guillaume s’interroge sur « les vicissitudes du destin »
Soro Guillaume a été contraint de démissionner de la Présidence de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire pour avoir refusé d’adhérer au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti d’Alassane Ouattara. Cette rupture de ban entre le président ivoirien et son ancien Premier ministre a en effet engendré une véritable fronde entre les camps des alliés d’hier. La suite, on la connaît. Soro Kigbafori Guillaume a dû atterrir en catimini à Kotoka international Airport de Accra, après son retour manqué à Abidjan, le 23 décembre 2019, avant repartir en exil en Europe où il vit dans la clandestinité, après avoir été déclaré persona non grata en France où il s’était réfugié dans un premier temps.
Et cerise sur le gâteau, c’est que Guillaume Soro et ses compagnons de Générations et peuples solidaires (GPS) ont été condamnés à des peines allant de 17 mois à la prison à vie dans une affaire de « tentative de déstabilisation ». Sans oublier que Soro lui-même avait écopé, des mois plus tôt, d’une peine de 20 ans d’emprisonnement pour une autre affaire de « recel de détournement de deniers publics ».
Sa candidature à la présidentielle de 2020 rejetée, son mouvement politique, le GPS, dissous, la défection de bon nombre de ses compagnons, l’emprisonnement d’autres camarades de parti, l’impossibilité actuelle de rentrer en Côte d’Ivoire… Voici bien de situation qui laisse croire que l’avenir politique de l’ancien chef du Parlement ivoirien serait en pointillés.
« Quant à Guillaume Soro, l’ancien chef rebelle devenu président de l’Assemblée nationale désormais en rupture de ban, il poursuit son exil mystérieux. Sans doute, s’interroge-t-il sur les vicissitudes du destin : s’il avait fait preuve de patience et était resté au RHDP, il aurait aujourd’hui un boulevard devant lui dans la course à la succession de Ouattara », a écrit Marwane Ben Yahmed, le patron de Jeune Afrique, au cours de l’interview à lui accordée par le président Ouattara.
Le président de la République, Alassane Ouattara, a accordé une interview à Jeune Afrique, disponible dans les kiosques à journaux ce lundi 27 septembre. Dans le commentaire qu’il fait de la situation politique du pays, Marwane Ben Yahmed revient sur le cas Guillaume Soro. Depuis son retour manqué en Côte d’Ivoire le 23 décembre 2019, le leader de Générations et Peuples Solidaires vit désormais loin de son pays. L’ancien président de l’Assemblée Nationale ivoirienne a même été condamné en juin dernier à la prison à perpétuité. À ce jour, les choses restent toujours compliquées pour celui qui a pourtant été un allié d’Alassane Ouattara.
Au cours de cet entretien, les propos du président ivoirien sur le cas de son ancien filleul sont bien tranchés. « Je n’ai rien à dire de particulier sur le cas de Guillaume Soro. Ce dossier n’est pas à mon niveau, mais entre les mains de la justice. Les faits qui lui sont reprochés sont d’une extrême gravité et il a été l’objet d’une condamnation à perpétuité, mais il peut évidemment rentrer et faire face à la justice », a-t-il déclaré.