Le succès mondial de la série sud-coréenne, Squid Game, fait le bonheur de Séoul et de la langue coréenne. Mais aussi, de petits commerçants de vrais « dalgonas ».
Le phénomène « Squid Game » enrichit un couple vendeur de vrais « dalgonas »
L’engouement pour la série Netflix « Squid Game » confirme le poids croissant de la Corée du Sud, quatrième économie d’Asie, sur la scène culturelle mondiale. Après le succès musical des groupes de K-pop ou cinématographique de « Parasite », Palme d’or au Festival de Cannes et premier long métrage étranger à avoir remporté l’Oscar du meilleur film, ou « Minari », six nominations aux Oscars cette année.
Le dictionnaire Oxford de la langue anglaise a récemment ajouté 26 mots d’origine coréenne à sa dernière édition, dont « hallyu », qui traduit justement la « vague » de succès de la culture sud-coréenne. Réagissant à cette annonce, le président Moon Jae-in a qualifié le Coréen d’instrument de « soft power ».
Selon les données de la Korea Foundation for International Cultural Exchange, 77 millions de personnes parlent Coréen dans le monde. Ce qui correspond aux populations des deux Corée.
Duolingo dit pour sa part avoir 7,9 millions d’étudiants en Coréens actifs sur son application, une langue qui enregistre la deuxième plus forte progression après l’Hindi.
« La langue et la culture sont intrinsèquement liées et les grandes tendances de la culture populaire et médiatique ont souvent une influence sur l’apprentissage des langues et les langues elles-mêmes », a réagi un porte-parole de Duolingo dans un courriel adressé à Reuters.
300 et 400 dalgonas par jour
Sur le tournage de la série Netflix « Squid Game », le directeur artistique Chae Kyung-sun a fait appel à des « spécialistes du dalgona » qui sont venus fabriquer la sucrerie sur le lieu de tournage. Lim Chang-joo et son épouse Jung Jung-soon, ont produit entre 300 et 400 dalgonas au cours des trois jours de tournage. « Ils étaient plus petits et fins que ceux que nous fabriquons habituellement », a expliqué Lim Chang-joo.
Chaque jour, devant leur modeste stand, ils voient se presser des fans désireux d’acheter un « dalgona », la désormais célèbre friandise au cœur d’un défi à relever dans l’un des neuf épisodes.
Un jeu de vie ou de mort
Cette sucrerie, longtemps associée à l’extrême pauvreté qui a suivi l’après-guerre, connaît une nouvelle vie depuis la sortie de la production Netflix de Squid Game. Cette série met en scène des personnages issus des franges les plus marginalisées de Corée du Sud participant à des jeux d’enfants traditionnels afin de remporter 45,6 milliards de won (33 millions d’euros). Dans l’une des épreuves, les concurrents doivent découper, dans cette galette de sucre craquante, des formes, notamment une étoile et un parapluie. Ceux qui échouent en la brisant sont aussitôt exécutés.
Ce jeu de vie ou de mort a été inspiré par l’histoire du réalisateur Hwang Dong-hyuk, qui a grandi à Séoul dans les années 1970. À cette époque-là, les enfants qui parvenaient à découper une forme recevaient un dalgona gratuit. Pour gagner, Hwang Dong-hyuk faisait preuve d’une incroyable inventivité, n’hésitant pas à lécher la friandise pour en détacher la forme ou utiliser une aiguille chauffée.
Dans la série, les personnages reproduisent ces différentes techniques. « Le fabricant de dalgonas serait dubitatif en me voyant réussir la forme la plus difficile, qui est celle d’un parapluie », a affirmé le réalisateur dans une récente vidéo sur YouTube.
Un dalgona à 1,45 euro
Désormais, leur modeste étal, situé dans une rue du quartier des théâtres à Séoul, est l’un des lieux les plus prisés de la capitale sud-coréenne, comme vous pouvez le voir sur les images ci-dessus. Dès l’ouverture, les gens se pressent dans l’espoir d’acheter une de ces friandises qu’ils fabriquent sur place et vendent 2000 won (environ 1,45 euro). Il n’est pas rare que les clients doivent patienter jusqu’à six heures. Certains finissent par abandonner et repartent les mains vides.