Le Préfet Hors grade Doin Doh Urie a animé un Panel lors de la cérémonie d’inauguration de la « Maison des Chefs », tenue à Guiglo, début octobre. C’est un véritable cours magistral que le tout nouveau Directeur général adjoint de l’Administration du Territoire a donné aux chefs traditionnels.
Doin Doh Urie : « Les chefs traditionnels… intermédiaires entre l’Administration et les populations »
« Rôle de la chefferie traditionnelle de Côte d’Ivoire », telle était la thématique du Panel que Dr Doin Doh Urie se devait d’animer lors de la cérémonie d’inauguration de la « Maison des Chefs » dans l’Ouest ivoirien. Et comme il fallait s’attendre, cet administrateur civil chevronné a tenu le pari de la ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l’Admninistration, Anne Désirée Ouloto, qui l’a sollicité pour les besoins de la cause.
Dans la cour du siège du Conseil Régional du Cavally, à Guiglo, le Prefet Hors Grade a été le premier à prendre la parole en tant que panéliste lors de la cérémonie d’ouverture. L’homme venu d’Abidjan a tout d’abord indiqué le contexte du Panel. « Les chefs traditionnels, de tout temps, ont joué un rôle très important dans la vie de nos sociétés, en tant qu’intermédiaires entre l’Administration et les populations. C’est par eux que l’Administration passe pour atteindre le plus grand nombre, pour faire passer son message », a-t-il déclaré d’entrée.
Puis, d’ajouter : « Il est donc important que ces chefs soient dans la vision du Gouvernement de sorte que leurs actions favorisent le développement. Pour cela, il est nécessaire que les chefs traditionnels sachent ce que l’Administration attend d’eux. »
Après cette mise au point, l’ancien Directeur des Circonscriptions Administratives a précisé que les chefs traditionnels tirent leur légitimité de deux lois principales :
– 1. Loi n° 2014-451 du 05 août 2014, portant orientation de l’organisation générale de l’Administration Territoriale.
– 2. Loi organique n° 2020-942 du 25 novembre 2020, portant composition, attributions et fonctionnement de la chambre nationale des Rois et chefs traditionnels ;
Aussi, leur désignation se fait-elle suivant deux étapes : Celle traditionnelle, qui consiste à un choix. Choix exclusivement opéré par le village suivant son mode de désignation. Puis, l’étape administrative consistant en une consultation populaire faite par le Sous-Préfet ou le Maire pour s’assurer que le Chef traditionnel proposé est choisi selon la tradition en vigueur dans le village concerné.
À la suite de ces deux étapes (cumulatives), le Préfet de Département délivre un arrêté de nomination.
Une fois nommé, le chef traditionnel a un rôle important à jouer selon les attributions que lui confère son cahier de charges dans sa communauté :
1 – Organiser son village : Il s’agit pour lui de désigner des collaborateurs conformément à l’alinéa 3 de l’article 31 de la loi d’orientation qui stipule « Le village est administré par un Chef de village assisté d’un Conseil de village ou d’une notabilité ».
Le Chef traditionnel devra par ailleurs encourager les jeunes et les femmes, les non-autochtones et même les différentes couches socioprofessionnelles à s’organiser. Cela lui permet d’avoir des interlocuteurs au sein de chaque composante de la population de sa localité.
2- Représenter les intérêts de son village auprès de l’Administration (le Sous-Préfet, le Directeur de l’École, l’Infirmier, le Commandant de brigade). À ce titre, il reçoit les étrangers en missions étatiques dans le village.
3- Avoir d’étroites relations avec le Sous-Préfet : « Le Sous-Préfet contrôle et supervise l’action des Chefs de village du territoire de la Sous-Préfecture », Article 26 de la loi d’orientation. Tel est le fondement réglementaire de cette relation entre l’autorité traditionnelle et son supérieur hiérarchique direct.
4- Veiller à l’application des lois, règlements et décisions du Gouvernement dans ledit village.
5- Informer l’Administration de tout ce qui se passe dans son village, y compris la présence de personnes étrangères ;
Le chef de village devra par ailleurs informer et sensibiliser le village sur les décisions prises par l’Administration, des opérations qui doivent se dérouler dans leur localité.
6- Préserver et maintenir l’ordre public, la paix et la cohésion sociale dans le village :
À ce titre, le chef a pour rôle d’anticiper sur la survenue des conflits ; régler les conflits au cas échéant et faire en sorte que la paix soit maintenue dans le village.
7- Veiller à la préservation de l’hygiène, de la salubrité et de l’environnement du village : le chef devra, pour ce faire, signaler aux autorités les cas d’épidémie dans son village et veiller à la propreté du village.
8- Assister les populations en cas de difficultés, notamment les cas de décès ou de catastrophes naturelles.
9- Le chef est également le garant des us et coutumes de son village.
Doin Doh Urie, faut-il le noter, a livré cette formation aux chefs traditionnels en présence de plusieurs ministres du Gouvernement ivoirien.