Des magistrats ivoiriens sont en passe d’être poursuivis pour corruption. C’est du moins ce que confirme un courrier attribué au ministre de la Justice et adressé à son collègue chargé de la Promotion de la bonne gouvernance.
Des magistrats épinglés pour « paiement de pots de vin moyennant abandon de poursuite… »
La Côte d’Ivoire est sous le feu, ces derniers mois, d’une vaste opération main propre qui a d’ores et déjà vu certains Directeurs généraux des sociétés publiques évincés de leurs fonctions. Contrôles financiers commandités par le Premier ministre Patrick Achi. L’Inspection Générale d’Etat a pour sa part rendu, le jeudi 25 novembre 2021, le Rapport d’activités 2018, 2019 et 2020 au Président Alassane Ouattara. Le Chef d’État a promis que toutes les recommandations de l’IGE seront effectivement mises en oeuvre.
C’est dans cette atmosphère que le célèbre cyberactiviste Chris Yapi vient mettre à nu un courrier du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Sansan Kambilé, adressé à son homologue du gouvernement ivoirien, le ministre de la Promotion de la bonne gouvernance, du Renforcement des capacités et de la Lutte contre la corruption, Zoro Bi Ballo Épiphane. Dans le cadre de l’opération « Coup de poing », le ministre Zoro Bi Ballo avait indiqué au cours d’un point de presse, le 14 septembre 2021, qu’ « il est fait cas de paiement de pots-de-vin moyennant abandon de poursuites ou prononciation de peines beaucoup plus légères ».
Pour le ministre ivoirien de la Justice, cette sortie de son collègue met en évidence des magistrats qui sont ainsi épinglés pour des actes de corruption. Aussi, entend-il « initier des poursuites pénales et disciplinaires » contre ces acteurs de la justice ivoirienne mis en cause dans cette enquête.
« Au regard de la délicatesse de la gestion des questions touchant aux Magistrats, qui conformément au principe de la séparation des pouvoirs prévu par la Constitution, relèvent du pouvoir judiciaire, suggérer que les cas de corruption portés à votre connaissance ne fassent pas l’objet de déclarations publiques, mais plutôt d’une saisine des autorités de poursuites compétentes », a-t-il recommandé au ministre Zoro Bi, lui-même haut magistrat de profession. La révélation de ce courrier par cet avatar a d’ores et déjà suscité de nombreuses réactions sur la toile. L’on attend donc de voir quelle suite sera donnée à cette autre affaire.