Les affaires marchent bien pour ENI en Côte d’Ivoire. Après son sulfureux succès sur le bloc CI-101, l’entreprise italienne est sur le point d’acquérir les blocs adjacents CI-401 et CI-801.
Les affaires sont un peu trop bonnes pour ENI
ENI, Ente nazionale idrocarburi, fait de belles affaires en Côte d’Ivoire ces dernières années. Son PDG, Claudio Descalzi, s’était d’ailleurs déplacé à Abidjan pour y rencontrer le Président Alassane Ouattara. Cette entreprise italienne a réalisé une percée pas si naturelle qu’elle en a l’air. Elle a bien été aidée dans son introduction sur le terrain ivoirien par ses politiciens. Pour souvenir, il y a quelques années des officiels Italiens s’en prenaient vigoureusement à la France pour sa main mise sur les richesses africaines. Les sorties tapageuses de l’ancien Vice-Président du conseil italien, Luigi Di Maio, actuel ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, avaient fait mal à la France.
En janvier 2019, Luigi Di Maio avait accusé la France « d’appauvrir » l’Afrique avec le franc CFA et sa main-mise sur les richesses de ces pays. Le Sénateur italien Matteo Salvini, alors Vice-président du Conseil des ministres et ministre de l’Intérieur, avait poussé le bouchon plus loin en disant : « J’espère que les Français pourront se libérer d’un très mauvais président, et l’occasion est celle du 26 mai quand finalement le peuple français pourra reprendre en main son avenir et son destin, son orgueil mal représenté par un personnage comme Macron. »
Certains africanistes avaient vu dans les déclarations de ces officiels Italiens un ralliement à leur lutte contre la France-Afrique, surtout pour l’abolition du franc CFA. L’inimitié affichée par ces deux pays voisins s’est pourtant subitement éteinte, rendant le silence qui s’est installé un peu suspect. Tout laisse croire que les deux pays ont décidé de se partager le gâteau en Afrique. L’Italie était en réalité frustrée de faire moins d’affaires sur le continent où la France en impose.
Encore de nouveaux blocs attribués à ENI
Peu de temps après les sorties des dirigeants italiens, miracle ! ENI se voit attribuer le bloc CI-101 de pétrole et gaz dans les eaux ivoiriennes. Ce bloc est considéré comme un véritable scandale géologique. Car il s’agit de la plus grande découverte de gisement dans le pays, avec 1,5 milliard de barils et près de 2 TCF de gaz. La cerise sur le gâteau a été que les conditions d’exploitation de ce gisement sont particulièrement favorables à la compagnie italienne ENI. L’État de Côte d’Ivoire n’ayant que 10% des parts de ce bloc. Scandaleux lorsqu’on sait que le Sénégal arrive à négocier près de 30% des parts de l’exploitation de ses gisements.
Le fait est que le calme est bien revenu entre Paris et Rome, et il ne devrait pas connaitre d’interruption puisque d’autres bonnes nouvelles s’annoncent pour les Italiens.
En effet, selon le média Africa Intelligence, les blocs off-shore CI-401 et CI-801, adjacents au CI-101, font présentement l’objet de négociations entre ENI et le gouvernement ivoirien. Sergio Laura, le directeur général de la major en Côte d’Ivoire, très apprécié des dirigeants ivoiriens pour son sens du dialogue et du compromis, est en passe d’arracher un accord pour ces deux autres gisements. Déjà présente sur les blocs CI-205, CI-501, CI-504 et le CI-802, la compagnie italienne connait une percée fulgurante grâce à ce coup de pression de ses autorités sur la France. Le pays de Macron semble avoir intercédé en faveur de ENI auprès des autorités d’Abidjan pour faire cesser les attaques qu’il subissait.
Si tout se passe bien, l’année 2022 devrait être celle d’une nouvelle annonce d’une signature d’un gigantesque contrat entre ENI et l’État de Côte d’Ivoire. Outre le DGH de la Petroci (société d’État pétrolière), les ministères des Finances et celui du Budget sont les entités impliquées dans les tractations pour une prochaine signature. Ces deux ministères étudieraient à cet effet les détails du contrat qui devrait être signé en début d’année 2022 dans le cadre d’un partage de production (CPP).
Le fin mot de l’histoire est que les pays n’ont vraiment pas d’amis, mais que des intérêts. Les Italiens n’ont critiqué la France que parce qu’ils lorgnaient leur part des bonnes affaires en Afrique et en Côte d’Ivoire. Maintenant que la manne est offerte sur un plateau d’or, l’on attend donc de voir l’évolution de cette relation tripartite France-Côte d’Ivoire-Italie.