Les oracles l’avaient prédit. Mais des mécréants et des hommes de peu de foi n’y avaient pas cru. Des faits çà et là, qui jalonnent le jeune parcours de la Côte d’Ivoire nouvelle, donnent de voir que ce pays est celui de tous les possibles.
Avec l’argent, tout est possible en Côte d’Ivoire
Il y a quelques temps, un cargo chargé de riz avarié, a accosté au port d’Abidjan. Ce cargo, refoulé de tous les ports du golfe de Guinée, a par miracle reçu l’autorisation d’accoster en Eburnie. Son contenu, après avoir été expertisé, avait été déclaré impropre à la consommation, et la décision fut prise de le détruire. Mais de nombreuses questions taraudaient l’esprit du vaillant peuple d’Eburnie. - Pourquoi avoir laissé le cargo accoster, là où tous les autres ports l’avaient refoulé ? - Quel était le projet en le laissant accoster ? - Si l’opinion n’avait pas été en alerte, que serait devenu ce riz ? Mais pendant que se déroulait l’opération de destruction de ce riz impropre à la consommation, l’affaire connut un rebondissement inattendu.
Contre toute attente, la société exportatrice de ce riz assigna l’Etat en justice, et le Tribunal de Commerce d’Abidjan, ordonna la suspension de l’opération et désigna un nouveau cabinet afin de déterminer si ce riz était effectivement impropre à la consommation. Quelle a été l’épilogue de cette affaire ? Où en sommes-nous aujourd’hui ? Bienheureux celui qui instruira le peuple d’Eburnie. Et ce pays continue d’étonner le monde. Autre lieu, autre temps, une autre affaire. Depuis quelques jours, le pays est ébranlé par le démantèlement d’un vaste réseau de trafiquants de drogue. Un réseau aux multiples ramifications, qui implique des personnalités au-dessus de tous soupçons. L’onde de choc de cette affaire ne s’était pas encore dissipée, quand survient à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA), une rocambolesque évasion d’un trafiquant de drogue, le 16 juin dernier.
M. Tambedou Mohamed, franco-sénégalais, placé sous mandat de dépôt depuis mai 2019, et condamné à dix ans de prison, a réussi l’exploit de se faire extraire frauduleusement de la prison, pour des opérations bancaires à l’extérieur. Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, il en a profité pour mettre les voiles et disparaître dans la nature. Manifestement, l’évasion de ce criminel s’est opéré avec la complicité active des gardes pénitentiaires, qui ont dû être largement rétribués pour prendre un tel risque et présenter les faits de façon aussi ridicule et invraisemblable. Mais il n’y a vraiment pas de quoi s’étonner. Avec l’argent, tout est possible en Côte d’Ivoire. Mais là où le bât blesse, c’est qu’après le communiqué laconique du gouvernement, il a fallu attendre sept jours avant qu'un avis de recherche avec la photo du fugitif, ne soit lancé, avec un appel à témoins.
Qu’est-ce qui explique cette discrétion du gouvernement ?
Qu’est-ce qui explique cette discrétion du gouvernement ? Est-ce pour ne pas entraver les enquêtes ? Demain nous situera dans ce pays de tous les ...possibles ! On en était là à nous poser mille et une questions sur l’ampleur du trafic de drogue dans le pays, quand une autre nouvelle nous est tombée dessus comme un couperet. Le Fonds d’Entretien Routier (FER) porta à la connaissance du peuple d’Eburnie, la mise en service à partir du vendredi 24 juin, du poste de péage sur l’autoroute Abidjan –Grand Bassam. Les tarifs affichés varient de 1000 FCFA à 3 500 FCFA selon le type de véhicule utilisé. Il va sans dire que ce coût qui est au-dessus de celui appliqué par les transporteurs sur la ligne Abidjan-Grand Bassam sera répercuté sur les tickets de voyage. In fine, c’est le contribuable qui paiera. Comment peut-il en être autrement ? En 2010, un candidat à l’élection présidentielle, nous avait dit que son travail à lui, c’est de chercher l’argent.
Nous l’avions applaudi, croyant qu’il allait chercher l’argent à l’extérieur pour nous rendre riches comme Crésus. Nous n’avions jamais pensé un seul instant, que cet argent sera également cherché dans nos poches. La réalité est là aujourd’hui, implacable. Par ailleurs, le Fer se doit de vite rentabiliser cet ouvrage qui, d’un coût initial de 4,8 milliards s’est retrouvé comme par une baguette magique à 23 milliards, revenant plus cher que l’autoroute qui le porte. Mais qui donnera des explications aux contribuables ? Une telle décision avec ces coûts affichés, qui certainement aura des retombées sur le tarif du transport entre Abidjan et les villes situées au-delà du péage, aurait, des années en arrière, provoqué un branle-bas de combat, et une levée de bouclier des transporteurs. Mais aujourd’hui, grâce à l’émergence, ceux-ci sont devenus si riches, qu’une taxe comme le péage, n’est qu’un épiphénomène. Ceci explique leur silence. Ainsi va le pays où depuis 2011...tout est possible. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.