Le président français Emmanuel Macron est en Afrique, au Cameroun, pour sa tournée africaine. Il a profité de sa rencontre avec son homologue Paul Biya le 26 juillet pour asséner quelques vérités aux dirigeants africains pour leur hypocrisie sur le conflit russo-ukrainien.
Emmanuel Macron agacé par « l’hypocrisie » des Africains
Dans le conflit armé qui oppose la Russie à l’Ukraine, l’Afrique a refusé de s’aligner sur les positions des pays occidentaux. Les Africains regrettent certes la guerre, mais n’ont jamais condamné la Russie et leur vote majoritairement abstentionniste aux Nations Unies, le confirme à la face du monde.
Il faut croire que la vision de ce conflit des présidents africains heurte les dirigeants européens, dont Emmanuel Macron. Le chef de l’État français, à sa conférence de presse conjointe avec le président Paul Biya, a expliqué que « Le choix qui a été fait par les Européens » n’est pas celui de faire la guerre à la Russie, première puissance nucléaire au monde.
Pour lui, en soutenant l’Ukraine, les pays occidentaux ne font rien d’autre que « reconnaître et nommer » cette guerre. Juste après avoir précisé la position des pays occidentaux, Emmanuel Macron a ajouté en parlant des pays africains, qu’il voit « trop souvent de l’hypocrisie, en particulier sur le continent africain ».
Puis il ajoute : « Je le dis avec beaucoup de calme et de sérénité…» Pour le locataire de l’Élysée, c’est une erreur que commettent les Africains « à ne pas savoir qualifier une guerre qui en est une et ne pas savoir dire qui l’a lancée ».
Il termine son propos en disant « Je sais qu’il y a des pressions diplomatiques, je ne suis pas dupe, mais enfin il faut dire les choses. On vit mieux. »
Encore des leçons d’un président français à l’Afrique ?
Une fois encore, un président français se permet de critiquer la position des pays africains comme s’ils étaient tenus de s’aligner sur les positions des Occidentaux. Ce que Macron ne voit pas, c’est que le monde ne regarde pas forcément cette guerre du même œil que lui.
Pour plusieurs Africains, y compris des dirigeants, la Russie n’est pas le coupable désigné par les Occidentaux, mais bien un pays en situation de défendre ses intérêts et sa sécurité.
Derrière cette guerre, le monde multipolaire prôné par la Russie intéresse plusieurs pays du continent africain. Aussi bien au sein des populations que chez les dirigeants d’Afrique, il existe un sérieux ras-le-bol de toujours subir le diktat de la France ou des États-Unis sur des sujets importants.
En venant sur le continent africain pour dire ce qu’il considère comme sa vérité, le président français commet un impair qui ne va pas remonter l’image de la France politique au sein de l’opinion africaine.
Cette façon de faire est une forme de paternalisme dont plus personne ne veut en Afrique, un message de plus en plus compris par les dirigeants africains qui réfléchissent désormais par deux fois avant d’emboîter le pas à Paris sur tout et n’importe quoi. Bamako est en tout cas loin du temps où des Ibrahim Boubacar Keïta pleuraient comme une madeleine à Paris.
Merci à Macron et à la prochaine.