La peine capitale a été prononcée contre le journaliste algérien Abdou Semmar, sacrifié sur l’autel des mamours Paris-Alger pour ses révélations sur le complexe pétro-militaire Sonatrach qui contrôle le gaz et le pétrole en Algérie.
Mandat d’arrêt lancé contre Abdou Semmar, journaliste d’investigation et propriétaire du site Algérie Part
Le tribunal de Dar Beida a condamné le journaliste et patron du media en ligne Algérie Part à la peine capitale cette semaine avec émission d’un mandat d’arrêt international.
En exil en France, Mohamed Abdelkader Semmar alias « Abdou Semmar » aurait livré sur le plateau, à des agents « étrangers », des informations confidentielles sur le groupe Sonatrach. Abdou Semmar, qui a fui son pays l’Algérie et vit actuellement en France avec le statut de réfugié politique, ne devrait pas trop s’inquiéter sur son avenir, à moins d’un « arrangement entre amis », en ces temps où les mamours entre Paris et Alger sont au plus haut de leur niveau. Ainsi, selon le tribunal algérien, publier des informations sur Sonatrach est un acte de haute trahison qui n’a qu’une sanction, la peine de mort.
Outre le journaliste d’investigation, un ingénieur de l’entreprise a été condamné à 10 ans de prison ferme. C’est lui qui aurait alimenté Algérie Part en informations accablantes pour la compagnie.
Lamine Aouis, un ancien responsable de la commission des marchés à Sonatrach, est également accusé d’être la source ou le « Deep Throat » d’Abdou Semmar et de lui avoir communiqué des informations classées « sensibles ». Il écope, sans encore savoir pourquoi, d’une peine de 10 ans de prison ferme.
Les deux accusés sont ainsi poursuivis pour « remise d’informations confidentielles et mensongères et de documents qui doivent être gardés secrets dans l’intérêt de l’économie nationale à des agents d’un pays étranger« , « diffusion et de publications portant atteinte à l’intérêt national » et « acquisition d’informations ou de documents confidentiels dans l’intention de les remettre à un pays étranger ou à l’un de ses agents ».
Un puissant complexe pétro-militaire avec monopole sur la production de gaz et de pétrole.
Abdou Semmar sait très bien à qui il s’attaque dans ses articles et ses vidéos, largement suivies par les Algériens. Face à lui, le puissant complexe pétro-militaire qui dirige réellement le pays.
Abdou Semmar n’est pas le premier journaliste à gouter à la soupe militaire. Dernièrement, Anouar Malek a évité de peu un kidnapping à l’aéroport d’Istanbul. Les services turcs, informés du plan de la Sécurité algérienne, ont été plus rapides. Ils sont allés chercher le journaliste dans l’avion et l’ont retenu dans leurs locaux. S’il était descendu normalement, il aurait été enlevé et mis dans une malle. Direction l’Algérie où les autorités étaient déjà prêtes à l’accueillir comme il se doit.
Hichem Aboud, ancien militaire et journaliste, lui aussi réfugié en France, fait l’objet de plusieurs condamnations. Il a échappé à une tentative d’assassinat dont il précise les détails dans ses vidéos sur sa chaîne YouTube.
De nombreuses personnalités sont soupçonnées d’avoir perçu des pots-de-vin pour permettre à des grands groupes étrangers de décrocher des contrats de plusieurs milliards de dollars.
L’ancien patron de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, a été limogé en 2019, 20 jours après le renversement de l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika, suite à l’émission d’un mandat d’arrêt international à son encontre. Il a été extradé par les Émirats arabes unis (EAU) vers l’Algérie l’année dernière
Les autorités algériennes ont affirmé qu’Ould Kaddour est impliqué dans plusieurs affaires de corruption liées à des contrats qui auraient été signés par la société Sinotrach pendant le mandat d’Abdelaziz Boutelfika. Parmi ces affaires figure l’achat de la raffinerie d’Augusta en Sicile à Exxon Mobil Corp en 2018.
En avril 2021, il a été condamné, avec un présumé complice, l’homme d’affaires déchu Mahieddine Tahkout, à une peine de cinq ans de prison ferme assortie d’une amende de 50.000 DA, dans l’affaire les opposant à un autre patron, Mohamed Baïri. Semmar et Tahkout étaient poursuivis pour corruption et chantage dans le but d’extorquer des fonds à leur victime Baïri, en l’occurrence, l’ancien vice-président du FCE dissous.
La question de l’extradition
L’agence de presse étatique algérienne a publié un message subliminal à l’intention du gouvernement français, à la veille de la visite officielle du président de la République à Alger. Selon un article d’APS (Algérie Press Service), plusieurs associations civiles algériennes demandent à Macron de mettre fin aux « organisations présentes en France qui incitent à la haine et au terrorisme entre Algériens ».
Pour le média marocain Le 360, il n’y a pas plus simple. Le communiqué fait référence à plusieurs journalistes algériens et à des journalistes qui se réfugient en France pour échapper à la persécution politique du couple Tebboune-Chengriha. Il s’agit notamment du blogueur d’origine algérienne Amir Boukhors, connu sous le nom d’Amir DZ, et des journalistes algériens Hichem Aboud et Abdou Semmar, entre autres.
Comme révélé en octobre 2021 par Abdou Semmar, les trois Algériens figurent sur une liste d’opposants au régime politico-militaire algérien. Cette liste a été transmise par la diplomatie algérienne aux services de sécurité intérieure français, ainsi qu’aux autorités judiciaires de la République.