La création d’un Sénat est devenue une nouvelle tendance en Afrique. Cependant, cette institution est de plus en plus contestée sur le continent. En témoigne l’exemple du Nigeria où le symbole de cette chambre du Parlement a été emporté en pleine séance plénière par des inconnus.
Vive polémique autour du Sénat sur le continent africain
Dans sa nouvelle Constitution de 2016, la Côte d’Ivoire s’est dotée d’une nouvelle institution, à savoir le Sénat qui est la deuxième chambre du Parlement. À l’issue des élections sénatoriales de mars dernier, le président Alassane Ouattara a procédé à l’installation officielle du Sénat ivoirien à Yamoussoukro, le 12 avril 2018. La benjamine des institutions ivoiriennes sera dirigée par l’ancien Premier ministre Jeannot Ahoussou-Kouadio, élu à l’unanimité par ses pairs.
Toutefois, l’opposition estime que ce démembrement du pouvoir législatif, exclusivement dévolu par le passé à la seule Assemblée nationale, est totalement « inutile » et « budgétivore », quoique le président ivoirien soutienne que « l’institution du Sénat en Côte d’Ivoire n’est pas un luxe, mais une nécessité de développement », car elle permettra « d’assurer une grande efficacité au Parlement ». Le Front populaire ivoirien (FPI, opposition) a pourtant décidé de ne pas reconnaitre cette institution sénatoriale, dont la mise en place a été boycottée par l’ensemble de l’opposition.
Même son de cloche au Cameroun où l’opposition accuse le président Paul Biya de se tailler un Sénat sur mesure, en organisant des élections sénatoriales truquées d’avance pour s’offrir une majorité écrasante de Sénateurs. Ce bras de fer entre pouvoir et opposition au sujet du bicamérisme camerounais reste encore très vif.
L’incident qu’il a été donné de constaté, ce mercredi, dans la maison des Sénateurs nigérians atteste à souhait que l’opinion publique africaine serait plutôt favorable à la suppression des chambres hautes au sein des parlements du continent.
En effet, le « mace » qui est le symbole de l’autorité du Sénat au Nigeria a été emporté par des inconnus qui avaient pris le soin de maitriser les gardes postés à l’entrée du siège de l’institution. « Cette action est un acte de trahison, car c’est une tentative de renversement par la force d’une institution du gouvernement fédéral du Nigeria », a twitté un responsable de l’institution. Des enquêtes ont par ailleurs été diligentées pour mettre le grappin sur les auteurs de cette forfaiture, et retrouver l’insigne du Sénat. Le député de l’État du Delta, Ovie Omo-Agege, est cependant soupçonné d’avoir orchestré ce vol, suite à sa suspension après de vives critiques contre la candidature du président Muhammadu Buhari.
Notons que, selon une statistique publiée par JA en 2016, sur les 54 pays africains, 26 n’ont pas encore de Sénat, 21 en possèdent déjà, 5 veulent le créer et 2 veulent le supprimer.