Le général Gilbert Diendéré, principal accusé au procès du putsch manqué du 16 septembre 2015 au Burkina Faso, a réclamé mercredi à Ouagadougou une « confrontation » avec les chefs militaires, qui nient tout éventuel soutien en sa faveur lors du coup de force, au troisième jour de son audition.
« Les chefs militaires ont eu le temps d’harmoniser leurs versions » (Diendéré
Après lecture du procès-verbal du général Pingrénoma Zagré (chef d’état-major général des armées) dans lequel il juge « paradoxal » que Gilbert Diendéré affirme avoir bénéficié de leur « accompagnement », alors que la hiérarchie militaire s’est « efforcée en vain de le convaincre de se soumettre à l’autorité du gouvernement de transition », l’ex-chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré a réclamé une « confrontation » pour faire éclater la « vérité ».
« Si la procédure avait été faite correctement (les chefs militaires) ne devraient pas venir à la barre en tant que témoins mais en tant qu’accusés », a estimé le général, qui s’explique mal que des personnes soient sur le banc des accusés pour avoir « passé des appels », ou « réparé une moto ».
Selon lui, les officiers de la hiérarchie militaire, rejoints dans leurs dépositions par l’ex-président Jean-Baptiste Ouédraogo, « ont eu largement le temps de se voir pour harmoniser leurs versions » des faits, dans l’objectif de ne pas « subir le même sort » que lui.
« Tout le monde y compris moi veut la vérité, pas une certaine vérité », afin de « rendre justice aux victimes » et à leurs « familles », a poursuivi Gilbert Diendéré, dénonçant le refus de la cour de voir comparaître certains de ses témoins dont l’ex-premier ministre Yacouba Isaac Zida.
Le général Diendéré a assuré mardi avoir bénéficié d’un « accompagnement » de cette hiérarchie, à travers « des actes plus que matériels », ajoutant qu’il aurait « fait marche-arrière » si les chefs militaires lui avaient dit « non ».
« Ce n’est que lorsque j’ai voulu remettre le pouvoir (au président de la transition Michel Kafando) que la hiérarchie a voulu prendre le devant des choses », a-t-il analysé, relevant que « c’est à partir du 21 septembre 2015 », soit cinq jours après le coup de force, que ces derniers « ont changé de camp ».
Le général Gilbert Diendéré a été proclamé président du Conseil national de la démocratie (CND) qui avait pris le pouvoir, après que des éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP, ex-unité d’élite) ont fait irruption la veille en plein conseil des ministres et pris en otage M. Kafando et son gouvernement.
Ce sont 84 personnes, dont neuf en fuite, qui sont poursuivies essentiellement pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », lors du putsch manqué de septembre 2015.
La résistance populaire contre la tentative de coup d’Etat a officiellement fait 13 morts et une quarantaine de blessés.