Affaiblir Henri Konan Bédié et le PDCI RDA est la mission que le ministre de l’Intérieur est en passe de réussir. Dans sa dynamique d’affaiblir l’opposition, après Guillaume Soro, le gouvernement s’apprête à priver Henri Konan Bédié d’une position stratégique. Ehouo Jacques, maire élu du plateau qui attend depuis quatre mois son installation, le sera enfin, mais risque la révocation selon le ministre de l’Intérieur. Cette option pourrait davantage mettre à mal les ressorts d’une opposition qui se cherche encore une cohésion.
Entre l’affaire Ehouo Jacques et la fragilisation de Henri Konan Bédié, petit entracte de démagogie !
Mon Cher Fangan,
J’ai appelé le petit frère de Kabako qui m’a informé qu’il était au commissariat pour faire libérer son neveu. Je n’avais pas compris que le gamin de 15 ans avait été mis sous les verrous pour avoir manifesté contre la fermeture de son école et la perturbation des cours qui dure depuis 8 semaines. Dis-moi, qu’est devenue la profession de foi de votre Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, contenue dans son PND 2016-2020 ? Dans l’axe stratégique 1 de « sa bible », intitulé « Renforcement de la qualité des institutions et de la Gouvernance », le patron de votre gouvernement a fait écrire que: « Des institutions crédibles constituent l’un des piliers de la bonne gouvernance.
Elles favorisent la participation de tous, un bon fonctionnement des marchés, et une allocation optimale des ressources au service de l’intérêt général… » Bon, oublie déjà le bon fonctionnement des marchés et l’allocation optimale de ressources. Si je m’en tiens qu’à cette déclaration, je suis sûr qu’il est conscient que sa gouvernance est plus que catastrophique et l’institution qui gère l’éducation de nos enfants est en faillite. Kandia Camara n’a jamais été à la hauteur des défis de l’école ivoirienne et crois-moi, elle n’en sera jamais à la hauteur, même dans une autre vie, post-nullité. Bref, je vais y revenir. Mais il y’a du nouveau au plateau, dans l’affaire Ehouo Jacques.
Ehouo Jacques, inculpé pour détournement de fonds, risque la révocation après son investiture.
Ehouo Jacques sera enfin installé. Ce n’est que justice, me diras-tu. Mais il faut donner sens à la notion de « cadeau empoisonné » ou encore « qui gagne perd ». La vraie loterie politique en somme. Le 19 mars, Sidiki Diakité, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité a convoqué les conseillers municipaux à une réunion à son cabinet pour leur annoncer que l’élection du maire du Plateau, à Abidjan, se tiendra samedi 23 mars. Sur vingt-cinq conseillers, 24 ont répondu présents à l’appel du ministre. Seul Fabrice Sawegnon, le candidat malheureux, avons-nous appris de source médiatique proche du ministère.
Si Ehouo Jacques est rétabli dans ses droits, le PDCI RDA marquera un point décisif dans la consolidation de sa position stratégique d’opposant principal à Ouattara. Mais cela ne risque pas d’arriver. La raison est toute simple pourtant. « Le ministre Sidiki Diakité a été clair. Il a dit qu’il révoquera Jacques Ehouo, une fois élu, car il disposerait d’éléments et preuves irréfutables de l’implication de Jacques Ehouo dans une affaire de détournements de deniers publics », a confié un collaborateur du ministre présent à la réunion. Ils vont le faire avec beauté et application, car pour casser de l’opposant politique, Ouattara en est passé maître. N’a-t-on pas dit qu’on ne fait pas la passe à l’adversaire ? Surtout pas au plateau !
La révocation d’Ehouo Jacques, ouvrira une série d’actions de fragilisation des positions du PDCI par ses alliés d’hier.
Cher frère Fangan, le vieux Henri Konan Bédié s’est fait avoir dans la série des alliances conclues au gré de son parcours politique. Double pénétration ma foi !
Le PDCI qui donne l’impression d’être vierge dans la crise profonde que connait le pays n’a pas encore fini de payer le prix de la position médiane qu’il a toujours occupé. Ouattara fera tout pour casser cette opposition sortie de ses entrailles politiques. Il n’y aura pas d’appel de Daoukro bis, même si Guillaume Soro a donné l’impression de bâtir un bloc anti RHDP unifié. Comme un météore qui fend le ciel qui lui sert de toile de visibilité, Guillaume Soro a utilisé Bédié pour donner de l’entrain à son obsession présidentielle. Henri Konan Bédié n’y a vu que du vent, et s’est empressé de l’appeler « son fils ». Quelqu’un a laissé, pourtant celui que quelqu’un devait prendre, ne veut plus être pris. « Je ne veux plus être sous couvert », avait lancé Guillaume Soro.
Il a réalisé qu’il n’aura pas droit à l’héritage politique du Vieux Henri Konan Bédié, qui hésite à passer le témoin, car n’ayant pas grand monde de qualité. C’est justement cela qui donnera de la matière à Alassane Ouattara. Les actions de déstabilisation vont cibler les pions sur lesquels Henri Konan Bédié pourrait rebondir. Ne soit pas étonné que le trop policé Jean-Louis Billon flirt, dans les jours à venir, avec la Justice. Si l’opposition affiche sa détermination, la réalité est qu’elle ne repose sur aucun socle commun solide. Ne dit-on pas qu’un troupeau dispersé rend le bétail vulnérable ?
Bon, il faut avoir connu une idéologie commune forte pour espérer former un bloc homogène. Comment Henri Konan Bédié va-t-il gérer cette autre étape de l’affaire Ehouo Jacques ? Alassane a fini par atteindre son objectif sur le terrain judiciaire. Je paraphraserai Alpha Blondy pour te dire , Vive le maire, et dans l’heure qui suivra, a bas le maire… La politique, c’est du Kolombari chez nous !
À bientôt
Nelson Zimin