Le suicide présumé des membres de Boko Haram dans une prison tchadienne continue de susciter des curiosités. En dépit du rapport d’autopsie, la Commission des droits de l’homme entend ouvrir une enquête sur cette affaire.
Boko Haram préfère « les opérations kamikazes… »
Quarante-quatre soldats de Boko Haram, arrêtés la semaine dernière sur le champ de bataille, ont été retrouvés morts dans leur cellule. Ont-ils été assassinés ? Se sont-ils suicidés ? Même si le rapport d’autopsie conclut à « une consommation d’une substance létale ayant produit un trouble du rythme cardiaque », il n’en demeure pas moins que quelques zones d’ombre appellent à une enquête plus approfondie pour en savoir davantage sur les tenants et aboutissants de ce drame.Interrogé par RFI, Seidik Abba, spécialiste de la région du lac Tchad, a indiqué de prime abord que la thèse du suicide ne convainc pas, d’autant plus que, « de tradition les membres de Boko Haram ne se suicident pas ». Partisans d’un islam plus rigoriste, ils préfèrent « les opérations kamikazes », qui sont pour eux, la voie pour aller au paradis. Ensuite, étant donné que ces combattants décédés dans la prison au Tchad ont été arrêtés sur le terrain, puis transférés à Ndjamena, « dans quelles conditions auraient-ils pu accéder à des médicaments, alors qu’ils étaient sous bonne garde ? » s’interroge-t-il.Poursuivant, le spécialiste de la région précise qu’en vertu des renseignements en sa possession, « ce ne sont pas vraiment des gens qui sont dans la haute hiérarchie du mouvement, qui ont des secrets à cacher et qui pourraient préférer mourir avec le secret plutôt que de se laisser capturer ».Djidda Oumar Mahamat, Président de la Commission nationale des droits de l’homme, indique toutefois que « si l’armée tchadienne avait voulu les tuer, elle les aurait tués en brousse ». Puis, il ajoute : « Il n’y a rien qui prouve aujourd’hui qu’il y a eu suicide collectif ou assassinats… Je répondrai à cette question lorsque nos enquêtes prendront fin. »