Henri Konan Bédié (PDCI) a brillé par son absence à la prestation de serment d’Alassane Ouattara (RHDP), lundi 14 décembre, au palais de la Présidence. Et pourtant, de nombreuses sommités nationales et internationales faisaient partie du parterre des 300 personnalités conviées à cette cérémonie.
Henri Konan Bédié (PDCI) et Alassane Ouattara (RHDP): Retour sur le beau vieux temps
Le temps où Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié s’affichaient main dans la main, parlant d’une même voix et oeuvrant pour un idéal commun, est désormais révolu. C’est du moins ce qui transparait dans l’évolution des rapports entre les deux leaders politiques ivoiriens. Le Président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) avait en effet lancé un appel à ses partisans, lors de l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2010, pour qu’ils accordent leurs suffrages au candidat du Rassemblement des républicains (ex-RDR) dans sa bataille électorale contre Laurent Gbagbo, le président d’alors.
En 2015, le Sphinx de Daoukro a tout simplement refusé d’aller à ce scrutin. En lieu et place, il a lancé un appel dit « Appel de Daoukro » pour que les militants de son parti s’allient derrière le président Ouattara pour sa réélection. En contrepartie, Bédié s’attendait à un retour d’ascenseur en voyant « un militant actif du PDCI comme le candidat du RHDP à l’élection présidentielle de 2020 ». Exigence qui a été battue en brèche au sein de la coalition au pouvoir. Ainsi, sonna le divorce entre Ouattara et Bédié.
Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, le temps de la fronde
Le Président Bédié, après avoir rejoint l’opposition, s’était en effet porté candidat à l’élection présidentielle de 2020, avant de se rétracter alors que son dossier de candidature avait été validé par le Conseil constitutionnel. Chef de file de l’opposition, Bédié avait alors lancé un mot d’ordre de désobéissance civile et de boycott actif du scrutin du 31 octobre 2020, tirant motif du fait que le 3e mandat qu’entend briguer Ouattara, est « anticonstitutionnel ».
Cette élection a été émaillée de violences à travers plusieurs localités ivoiriennes dont Daoukro, localité d’origine de HKB, où le jeune N’Guessan Koffi Toussaint a été décapité lors d’affrontements entre partisans de l’opposition et ceux proches du pouvoir. Plus de 80 morts, de nombreux blessés, ainsi que d’importants dégâts matériels ont été enregistrés aussi bien avant, pendant et après la présidentielle. Dans la foulée, l’opposition ivoirienne a mis en place un Conseil national de transition (CNT) dirigé par le Président Bédié.
Cependant, le 11 novembre 2020, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara ont eu une rencontre au Golf Hôtel, qui a permis de briser le mur de glace et ramener la confiance. Mais le second round de ces discussions, peine jusque-là à se tenir, butant sur les préalables de Bédié et ses camarades de l’opposition. Bédié vient toutefois d’appeler à un dialogue national incluant toutes les forces vives de la Nation. Proposition balayée du revers de la main par des proches du pouvoir.
Après avoir boycotté la présidentielle, Henri Konan Bédié boycotte l’investiture du Président Ouattara
Henri Konan Bédié qui était bel et bien présent aux deux premières cérémonies d’investiture d’Alassane Ouattara (2011 et 2015), n’a pourtant pas osé faire le déplacement pour celle qui s’est tenue, lundi, pour « le troisième mandat » ou « le premier mandat de la troisième République », c’est selon les sensibilités politiques.
Les dissensions entre les deux leaders politiques ivoiriens deviennent de plus en plus profondes, au point où chacun d’eux prêche pour sa propre chapelle. Les tractations se poursuivent toutefois pour rapprocher les deux anciens alliés de la coalition du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
À la cérémonie d’investiture qui s’est tenue, lundi, devant de hautes personnalités, des Chefs d’État africains, ainsi que l’ancien président français Nicolas Sarkozy, Bédié, l’ancien président ivoirien (1993-1999), successeur de Félix Houphouët-Boigny, est apparu comme le grand absent à cette cérémonie. L’on s’interroge donc de savoir si après toutes ces incompréhensions, les deux leaders politiques ivoiriens finiront à nouveau un jour par enterrer la hache de guerre afin de fumer le calumet de la paix ?