Les minutes s’égrènent pour Fatou Bensouda qui n’a que cette journée du 16 septembre 2019 pour interjeter son appel contre la décision d’acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Mais la procureure de la CPI pourrait renoncer à poursuivre ce procès.
Retour de Laurent Gbagbo, Fatou Bensouda joue la dernière carte
Fatou Bensouda a eu une douche froide, le 15 janvier dernier, quand les juges de la Chambre préliminaire I décidaient «d’acquitter et de libérer immédiatement Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé». Mais loin de s’avouer vaincu, le Bureau du Procureur a interjeté un appel contre la décision de libérer les deux Ivoiriens. La Chambre d’appel lui a donc fait droit en n’accordant qu’une liberté sous conditions aux deux accusés. Après la décision écrite des juges de première instance, le délai imparti à la procureure gambienne et son équipe, arrive à son terme, ce lundi 16 septembre 2019 à minuit.
Après la présentation de 82 témoins à charge qui se sont avérés des défenseurs des accusés, tant leurs dépositions se contredisaient les unes les autres, l’ancienne ministre de la Justice du dictateur gambien Yayha Jammeh a l’occasion de sortir la tête haute de ce procès. Mais elle est prise entre le marteau et l’enclume. Faut-il interjeter appel après les arguments que les juges Cuno Tarfusser et Geoffrey Henderson jugent inattaquables ? Elle risquerait d’être déboutée par la Chambre d’appel.
Faut-il abandonner les charges contre Gbagbo et Blé Goudé après avoir avoué son échec dû, selon elle, aux « effets résiduels de la stratégie du Bureau antérieure à 2012 (Luis Moreno Ocampo)», on la comprendrait dans sa démarche. N’occultons toutefois pas le fait que la Chambre d’appel pourrait bel et bien recevoir l’appel de Fatou Bensouda, si elle décide de l’interjeter, et le procès pourrait se poursuivre.
Dans un cas comme dans l’autre, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont impatients de rentrer en Côte d’Ivoire pour prendre une part active au processus de réconciliation nationale. Même si leur acquittement devant la Cour pénale internationale devient définitif, une négociation s’impose avec le président Alassane Ouattara pour un retour en Côte d’Ivoire. Mais la tâche ne s’avoue pas aisée, d’autant plus que le fondateur du FPI est sous le coup d’une autre condamnation de 20 ans de prison en Côte d’Ivoire et risque l’incarcération à son arrivée à Abidjan.