Le « silence surprenant » de Mabri Toikeusse, ministre ivoirien de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, sur la forte crise secouant les universités publiques de Côte d’Ivoire, s’expliquerait par sa volonté de ne pas fâcher Alassane Ouattara, devenu très prompt « à retirer ses tabourets ».
ALBERT MABRI TOIKEUSSE STRATEGIQUEMENT SILENCIEUX
Albert Mabri Toukeusse est presque « sans voix » dans la profonde crise ayant élu domicile dans les structures universitaires de son pays. Le président de l’UDPCI, Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire, membre influent du RHDP, Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, précisent nos sources, « se garde de fâcher le Président de la République, Alassane Ouattara, dans cette période sensible de l’histoire de la Côte d’Ivoire ». Il préfère alors « adopter une attitude moins bruyante », afin d’éviter de tenir des propos pouvant envenimer la situation, et faire perdre patience à son patron.
Le successeur du défunt Général Robert Guéi, à la tête de la formation politique créée par ce dernier, a également choisi de passer par le pardon. M. Toikeusse avait demandé, avec insistance, aux dirigeants de la CNEC, Coordination nationale des enseignants du supérieur et de la recherche scientifique, de faire amande honorable auprès de la présidence de l’Université Félix-Houphouët-Boigny. En suspendant leur mot d’ordre de grève, pour ainsi voir leurs deux camarades réintégrer l’université et reprendre leurs activités académiques et de recherches.
Théodore Zadi Gnagna, président de la PFN, Plateforme nationale des organisations professionnelles du secteur public de Côte d’Ivoire, a déclaré avoir été témoin de la manifestation de l’intention du premier responsable de la tutelle de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Toutefois, malgré l’exécution par les syndicalistes de la CNEC de la volonté de Mabri Toikeusse, rien n’a été fait pour la levée des sanctions disciplinaires contre les universitaires. Bien au contraire, la situation a empiré du fait du comportement « désobligeant » du président de l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody, Pr Abou Karamoko. Pourtant, à sa prise du pouvoir, avons-nous appris, de source sérieuse, il « avait promis de rester permanemment ouvert au dialogue avec ses pairs pour des solutions durables aux problèmes », dans le « temple du savoir ».
Constat : la crise a effectivement pris de l’étoffe, parallèlement au silence continu du ministre Albert Mabri Toikeusse, certainement « préoccupé par la préservation de grands intérêts dans la perspective de la présidentielle de 2020 ». Il n’est donc pas question pour le prochain candidat à la magistrature suprême de la Côte d’Ivoire, de lâcher le « tabouret » (vocable en vogue dans le pays) aux gros avantages.
Pendant ce temps, les enseignants et chercheurs peuvent initier des « marches vertes », le secrétaire général de la CNEC, Johnson Kouassi Zamina, Joël Dadé et onze autres syndiqués, peuvent bien séjourner à la MACA, Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, à Yopougon, à l’ouest de la capitale économie ivoirienne.