Après la débâcle des Éléphants de la Côte d’Ivoire à la CAN 2023, les Ivoiriens se sont réveillés ce jour avec une gueule de bois, comme un ivrogne sous les effluves de l’alcool consommé sans modération la veille.
Débâcle des Éléphants en CAN : Doit-on s’étonner de cette lourde défaite ?
Ils ont du mal à digérer l’humiliation à eux infligée au travers de la déculottée prise par leur équipe nationale, les Éléphants, 4 buts à 0 face à la Guinée Équatoriale au stade olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé. Il faut remonter très loin dans le cours de l’histoire pour retrouver les traces d’une telle déconvenue des Éléphants à domicile.
L’image furtive de Didier Drogba, apparue sur le petit écran, la main sur la joue, pensif, et étreint par une déception indicible, traduit éloquemment la déception qui est celle de tous les Ivoiriens.
C’est en ce moment que nous vint en réminiscence un passage de l’ouvrage « Le Cid » de Pierre Corneille qu’on peut ainsi parodier :
« Ô rage, Ô désespoir, Ô « retraite ennemie »…Œuvre de tant de jours en un jour effacée ! »…
Tel devait être l’état-d’âme de Didier Drogba, de wilfried Boni, de Yaya Touré, de Gervino, de Zokora, de Baky Koné et de bien d’autres, qui ont écrit une belle page de la longue histoire du football ivoirien.
Perdre un match, ou sortir d’une compétition, fait partie du jeu et de la vie d’une équipe de football. Perdre un match de football en se battant jusqu’au dernier souffle et tomber les armes à la main, est compréhensible et à la limite acceptable. Mais ce qu’il a été donné de voir du jeu des Éléphants, on n’était assurément pas dans cette disposition d’esprit.
À aucun moment, on n’a senti cette rage de vaincre, cet engagement et cette envie de gagner qui anime toute équipe soumise à un challenge, et qui plus est, joue devant son public et devant ses plus hautes autorités.
Doit-on s’étonner de cette lourde défaite ? Doit-on s’apitoyer sur cette humiliation infligée au peuple ivoirien ?
Assurément non. Car, « …on n’a pas gagné, mais on s’en fout… ».
Et c’est là qu’on peut à juste titre se demander si l’état d’esprit des supporters, symbolisé par ce chant entonné en sortant de la défaite contre le Nigeria, n’a pas déteint sur les joueurs, et n’est pas vraiment leur propre état d’esprit. Cependant, il faut l’avouer, ce chant était un exutoire pour les supporters ivoiriens pour évacuer leur déception, en espérant au plus profond d’eux-mêmes, et dans le secret de leur cœur, que les Éléphants allaient vite oublier ce faux pas contre le Nigeria.
Ils espéraient ainsi sonner la révolte de ces Éléphants contre la Guinée Équatoriale pour s’octroyer le sésame du deuxième tour, leur évitant ainsi de revisiter leurs cours de probabilité.
La grande colère et la grande déception des supporters ivoiriens qui ont eu à huer leurs joueurs, et à s’adonner à des actes de vandalisme après la débâcle de leur équipe nationale, montrent, de toute évidence, « qu’ils n’ont pas gagné, mais ne s’en foutent pas en réalité ».
Ils ont fustigé le jeu approximatif de l’équipe, son manque de combativité et partant d’ambition, mais surtout l’absence de cette envie de gagner qui devait animer l’équipe à cette étape de la compétition.
C’est pourquoi, il urge de véritablement prendre les taureaux par les cornes pour que cet esprit de « on n’a pas gagné, mais on s’en fout » puisse être rapidement endigué, tué dans l’œuf et ne puisse pas prospérer. Si cela advenait, on en viendrait à désespérer de notre jeunesse, mais surtout à se poser des questions légitimes de ce que serait la Côte d’Ivoire de demain.
Il y a un travail, un énorme travail à faire pour changer la mentalité des jeunes, leur ôter ce goût de se contenter et de se satisfaire de peu, de se laisser au fatalisme et de croire que tout ce qui leur arrive est « la volonté de Dieu ».
Déjà en manque de repères, de référents et de modèles, la société ivoirienne et particulièrement la jeunesse, déboussolée, s’accroche à des artifices qu’on lui présente à souhait et à profusion, et à tout ce qui peut lui procurer du plaisir, fut-il des plus futiles, délaissant ainsi l’essentiel.
Les déclarations d’après-match d’anciens dirigeants de football, d’anciens joueurs et du citoyen lambda sur les responsabilités de cette débâcle, des bonnes questions à se poser, et des décisions à prendre pour le futur de notre sport roi, laissent augurer de bonnes perspectives s’ils sont pris en compte. Tout n’est donc pas perdu…
Ainsi va le pays.
Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.