Le gouvernement de Côte d’Ivoire, à travers l’installation d’une décharge d’ordures de N’dotré, a-t-il décidé de condamner à mort les pauvres riverains des environs ? C’est la question que se pose « DECOTHEY », l’artiste ivoirien résidant d’une des deux cités Ado et Bel-Air, proche du site choisi. La principale décharge de la Ville d’Abidjan, jusque-là installée dans le riche quartier de Cocody, à la Riviera 5, va être fermée pour être repartie dans plusieurs quartiers d’Abidjan.
Décharge d’ordures de N’dotré, c’est mieux chez les pauvres ?
Jusque-là située à la Riviera 5, à Cocody, la principale décharge d’ordures de la ville d’Abidjan va être délocalisée dans des centre de Valorisation et d’Enfouissement Technique (CVET) à Kossihouen dans le sous-préfecture de Songon et sept autres centres de transfert dans les quartiers d’Abidjan, dont celui d’Anguédédou, près de N’dotré où sont situé les cités Ado et Bel-Air.
Les riverains des cités Ado et Bel-Air qui tentent de s’opposer à cette installation sont tout juste transparents aux yeux des autorités d’Abidjan. La ministre Anne Désirée Ouloto, en charge de la Salubrité, de l’Environnement et du Développement durable, plusieurs fois sollicitée par eux, n’aurait jamais répondu à leurs préoccupations. « Mme bulldozer » comme la surnomment les Abidjanais, en référence aux opérations de destructions d’installations anarchiques aux abords des routes d’Abidjan, aurait plusieurs fois promis une visite du site pour une rencontre avec les riverains sans jamais honorer son engagement, selon l’artiste.
Décharge d’ordures de N’dotré, le cri de coeur de DECOTHEY
L’artiste humoriste « DECOTHEY » Dkothey Gnagoguisso, résident de la Cité Bel-Air, proche de la Cité Ado, est devenu la tête d’affiche de la lutte menée par les riverains. Dans une vidéo qu’il a postée sur sa page Facebook, supprimée quelques heures plus tard, il dénonce l’installation de ce qu’il considère comme une décharge publique à proximité d’habitations.
« Je vous montre ce centre où ils vont mettre toute la poubelle pour l’installer à deux pas de la cité déjà habitée par les personnes, je parle de la cité Ado et de la Cité Bel-Air où moi-même j’habite », dit-il.
Visiblement remonté contre les autorités d’Abidjan, il rajoute : « A tant que pauvres comédiens, on s’est débrouillé pour avoir une maison, dans une très belle cité. Et ils (le gouvernement) ont décidé de venir mettre la poubelle, je dis bien le dépôt de toutes les ordures d’Abidjan. Nous sommes 5 millions (d’habitants). Ils ont décidé de venir mettre la poubelle sans même nous informer. Il a fallu que nous prenions le taureau par les cornes. Mmes et Mrs, l’heure est grave. Quand c’est la pluie, on peut dire que c’est naturel. Mais imaginez vous un seul instant, un gouvernement qui décide de tuer, je dis bien tuer, les mots sont pesés, parce qu’avec les poubelles, avec ce que cela va engendrer comme odeurs (maladies…) tout ce que vous savez.»
Les cités Ado et Bel-Air sont proches de la prison Maca et la célèbre Forêt du Banco, le poumon oxygénant de la ville d’Abidjan. La Cité Bel-Air est habitée par 178 personnes contre 800 personnes pour la Cité Ado. La nouvelle cité policière est en train d’être construite pas loin. « Imaginez une personne qui est en prison à côté d’une poubelle géante », autant lui annoncer sa condamnation à mort semble indiquer l’artiste ivoirien « DECOTHEY ».
Décharge d’ordures de N’dotré « le gouvernement veut nous tuer »
« L’heure est grave. Ils ont décidé de nous tuer. Ils ont décidé de déplacer la poubelle d’Akouédo là où habitent déjà des personnes. On fait tout pour l’empêcher, mais à ce qu’il parait ils vont prendre les armes maintenant pour l’installer. Donc je vous le dis, si jamais votre artiste que je suis, et je ne suis pas le seul, il y a plein d’artistes dans le secteur, je peux nommer le jeune AGALAWAL qui s’est débrouillé pour avoir un petit toit. Mais nous sommes déjà victimes de tout ce qui va se passer. Si jamais on n’est plus, n’accusez personne d’autre parce que notre gouvernement a décidé d’envoyer la poubelle chez nous et de nous tuer. », dit-il encore avant de lancer à « Bon entendeur, salut ».
Comment peut-on penser que le gouvernement Ouattara qui se veut très impliqué dans les sommets sur l’environnement comme le COP21 (Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques) soit en 2018 à envisager des solutions d’un autre âge pour le traitement des déchets de la ville d’Abidjan ?