Sa campagne électorale pourrait se résumer en un seul mot: Espoir. Soumaïla Cissé, 68 ans et candidat pour la troisième fois à la présidentielle, se présente comme le principal challenger du chef d’Etat sortant Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) qui brique un second mandat, pour assurer l’alternance au Mali, à l’issue du scrutin dimanche.
La quatrième fois sera t-elle la bonne pour Soumaïla Cissé?
Informaticien de formation, major de sa promotion à l’Institut des sciences de l’ingénieur de Montpellier (France), Soumaïla Cissé a été employé dans de grandes entreprises françaises (IBM-France, le groupe Pechiney entre autres) avant de rentrer au Mali en 1984 pour travailler au sein de la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT).
Membre de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ, principal allié de la formation d’IBK) dès sa création, il fait son entrée dans le gouvernement après l’élection d’Alpha Oumar Konaré à la tête du pays en 1992.
Cet économiste natif de Tombouctou (nord), marié et père de deux enfants, a été Secrétaire général de la présidence de 1992 à 1993, ministre des Finances à plusieurs reprises entre 1993 et 2002 et président de la commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de 2004 à 2011.
Le président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), fondé en 2003 suite à son départ de l’Adema-Pasj, a également occupé la fonction de Gouverneur pour le Mali à la Banque africaine de développement (BAD), la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque islamique pour le développement (BID).
Opposé au putsch du 21 mars 2012, il a invité dans une adresse le peuple à se « tenir debout et à exiger la restauration des institutions et le respect des règles républicaines », deux jours après ce coup d’Etat qui a précipité la zone nord dans un climat d’insécurité, aux mains de rebelles et groupes djihadistes.
Sa participation à une coalition anti-putsch dénommée Front pour la démocratie et la République (FPR) lui a valu une arrestation le 17 avril de la même année, par des hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo qui ont saccagé son domicile et lui ont causé des blessures, le contraignant à aller se faire soigner entre la France et le Sénégal pendant plusieurs mois.
Battu une première fois dans les urnes en 2002 par Amadou Toumani Touré, puis en 2013 où il a récolté moins de 30% du suffrage face à IBK au second tour, Soumaïla Cissé semble jouer son va-tout cette année et ne cesse de fédérer autour de lui des personnalités et forces politiques, dont l’Alliance des démocrates rénovateurs (ARD) composée de 18 partis politiques avec 285 élus municipaux, anciennement membres de la convention de la majorité présidentielle (CMP).
Le programme du candidat Cissé, porté par la plateforme « Ensemble restaurons l’espoir », s’établit autour de « cinq piliers » relatifs à la « restauration de l’autorité de l’Etat », l’instauration d’un « véritable dialogue autour des Maliens », la mise à disposition de « l’Etat au service des populations », ainsi que « la place des jeunes et des femmes dans la société » malienne.
Sur le terrain, il a également pris des engagements face aux populations, entre autres « améliorer (leurs) conditions de vie, réduire le train de vie de l’Etat, relancer l’économie, intégrer systématiquement les médecins et les enseignants à la fonction publique ».
Comme à l’accoutumée lorsque le président sortant est candidat à sa propre succession, les failles dans la gestion d’IBK, qui semble avoir échoué en tous points selon son adversaire, sont allègrement dénoncées: « impunité, mauvaise gouvernance, laxisme révoltant », ou encore « manque de volonté politique », « égoïsme, incompétence »; aucun mot n’est assez fort pour qualifier le « pouvoir déconnecté et corrompu » du locataire de Koulouba.
« Quand vous voterez Soumaïla Cissé, vous ne voterez pas pour une personne ou pour une famille, vous voterez pour le Mali », a-t-il déclaré aux populations de Ségou lors d’un meeting.
Selon le chef de file de l’opposition, dimanche, les populations auront à faire « un choix majeur », à savoir « continuer sur le chemin actuel qui conduit à l’échec et au chaos ou se redresser pour redevenir ce que le Mali a toujours été : un pays stable, libre, uni et fier ».