A Abidjan, Me Paolina Massidda dans le cadre d’une vaste rencontre avec ses mandants en vue de leur expliquer le cours des évènements à la CPI. Cependant, la démarche de la Représentante légale des victimes n’est pas du goût des victimes de Duekoué ayant subi d’énormes préjudices lors des crises successives qu’a connu la Côte d’Ivoire. Ces derniers estiment qu’ils sont laissés pour compte dans cette prise en compte des victimes.
Me Paolina Massidda sous le feu des critiques
L’acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé prononcé par la Chambre préliminaire I de la Cour pénale international (CPI) a créé une onde de choc à Abidjan. Alors que de millions d’Ivoiriens se réjouissent de ce verdict des juges de première instance, des associations de victimes de la crise postélectorales ont manifesté à Abobo, à Bouaké et à Korhogo pour protester contre cette décision.
Aussi, face au labyrinthe procédural et surtout à l’incompréhension des différentes décision judiciaire, Me Paolina Massidda s’est rendu en Côte d’Ivoire pour expliquer à ceux qu’elle représente au procès Gbagbo les différentes articulations de cette affaire et le mécanisme de leur éventuel dédommagement.
Force est toutefois de constater qu’autres Ivoiriens, notamment le Collectif des victimes de Duekoué (Nahibly et Carrefour, Ouest) qui disent être des victimes de cette crise postélectorale, ne figurent pourtant pas sur la listes des victimes que Me Massidda représente à La Haye. Par la voix de Caleb Emmanuel, porte-parole, ces derniers ont donc décidé de crier leur ras-le-bol afin de faire entendre leur voix qui n’a pourtant cessé de réclamer justice.
Larges extraits de la déclaration des victimes de Duekoué
Nous nous réjouissons de l’acquittement de ce grand homme qui reste incontournable pour la réconciliation et pour la paix définitive en Côte d’Ivoire. Nous restons calmes, optimistes et sereins quant au triomphe de la vérité pour une vraie justice.
De 2002 à aujourd’hui personne ne se préoccupe des véritables victimes que nous sommes. Personne n’entend les cris de détresse et de souffrances des nôtres. Et puis dans cette histoire de procès à la CPI où est ce que ça commencé ? Ce pays-là dormait tranquillement quand le 19 septembre 2002 il a été attaqué. Mais ça a été occulté par les ONG internationales pourtant des femmes enceintes ont été éventrées, des bébés égorgés, des massacres à Duekoué, Bangolo, petit-Duekoué, Guitrozon. Et là, on nous parle de représentante légale des victimes, mais quelles victimes ? Ce sont des victimes qui ont été choisies par nos bourreaux.
Les vraies victimes c’est nous. On demande à la vertu, à la sagesse, à l’amour du prochain de se laisser piétiner sinon alors on les réduit au silence. Toute conscience normale ne peut pas accepter ça. Massidda vient représenter quels morts ? Tout mort est un mort. Il n’y a pas que des morts d’Abobo, mais il y a eu plus de 13.000 morts à l’ouest dans le cadre de la crise postélectorale. La France nous cache les vrais chiffres en nous parlant de 3.000 morts. Quelqu’un comme Amadé Ourémi où il se trouve aujourd’hui ? À ce jour, il vit dans nos forêts des Burkinabè lourdement armés.
Depuis 2002, les attaques répétées de la France et de sa rébellion n’ont fait que des morts chez nous, rien que pour le pillage des richesses de notre sol. Malgré tous ces malheurs, aucune Organisation Non Gouvernementale n’a daigné nous prêter une oreille attentive, encore moins la communauté internationale. Le 17 mars 2011, sur ordonnance signée par monsieur Alassane Ouattara, des factions rebelles et des dozos mués en Frci ont massacré les 28, 29 30 Mars des milliers d’entre nous, au vu et au su des forces de l’Onu et il en a été ainsi tous les autres jours qui ont suivi, jusqu’au massacre du camp de Nahibly, où nous étions des réfugiés sur nos propres terres.