Lors d’une interview accordée à RFI, Alassane Ouattara déclarait qu’il n’a parlé à Luis Moreno Ocampo, le procureur d’alors, qu’ « une ou deux fois ». Cependant, la réalité des faits indique que le président ivoirien et le prédécesseur de Fatou Bensouda avait des contacts réguliers.
De fréquentes rencontres entre Alassane Ouattara et Ocampo dévoilées
Alassane Ouattara a-t-il vraiment gardé ses distances avec Luis Moreno Ocampo, comme il l’a déclaré, le 11 février dernier, sur la radio française ? Répondre à cette interrogation par l’affirmative serait faire fausse route, même si le Chef de l’Etat ivoirien soutient le contraire. En effet, selon un rapport de Médiapart, le Président Ouattara et le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) était bel et bien en contact et se sont rencontrés à plusieurs reprises pour traiter du dossier Gbagbo. Les messages et autres courriels qu’ils se sont échangés l’attestent éloquemment.
Bien avant l’arrestation de l’ancien président ivoirien, des rencontres tripartites, Présidence ivoirienne – Bureau du Procureur – Quai d’Orsay, avaient lieu pour trouver le mécanisme nécessaire pour engager des poursuites contre les anciennes autorités ivoiriennes, quand bien même la Côte d’Ivoire n’était pas signataire du Statut de Rome régissant la CPI.
Par ailleurs, le 26 novembre 2011, Alassane Ouattara et Luis Moreno Ocampo se sont effectivement rencontrés à Paris pour certainement « s’entendre » sur le transfèrement de Laurent Gbagbo à La Haye. Quatre jours plus tard, l’ancien président est remis à la CPI après une brève comparution au Tribunal de Korhogo où le mandat d’arrêt de la CPI lui a été notifié.
Dans une missive d’un employé du ministère français des Affaires étrangères d’alors, « le procureur souhaitait que Ouattara ne relâche pas Gb (Laurent Gbagbo, Ndlr » après son arrestation, le 11 avril 2011, dans les décombres du palais présidentiel d’Abidjan.
Ouattara et Ocampo s’étaient d’ailleurs rencontrés dans la résidence privée du président ivoirien à Abidjan, en octobre 2011 après le feu donné par les juges de la CPI au procureur argentin pour enquêter sur le dossier ivoirien.
Luis Moreno Ocampo, qualifié par certains observateurs de « politique mondain, toujours heureux de rencontrer des chefs d’Etat », a par ailleurs jugé bon de venir faire ses adieux au Président Ouattara deux semaines avant la fin de son mandat de Procureur de la Cour pénale internationale, en juin 2012.
Dire donc que les contacts entre le président ivoirien et l’ancien procureur de la CPI n’étaient que téléphoniques et très rares serait occulter la réalité qui est pourtant évidente.