La ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, Bakayoko-Ly Ramata a invité le 25 février dernier les femmes à s’engager dans le numérique pour l’émergence de la Côte d’Ivoire. Si cet objectif apparaît noble, la réalité de l’instruction de la femme reste une problématique sérieuse à résoudre avant. En Côte d’Ivoire, la proportion des femmes qui manquent d’instruction est encore considérable, et les efforts du gouvernement restent insuffisants. Comment dans ces conditions, cet objectif inscrit à la thématique de la journée de la femme le 8 mars prochain peut être atteint ?
Bakayoko-Ly Ramata veut aider les femmes à s’approprier le numérique pour leur autonomisation
« Seulement trois femmes sur dix utilisent Internet et le téléphone mobile. Pour plus d’équité, de justice sociale et de dynamisme économique, il est primordial de faire bénéficier à tous, sans acception des avantages de la consommation numérique en cours » a indiqué Bakayoko-Ly Ramata, la ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, au lancement de la journée de la femme. Effet d’annonce ou objectif réel à poursuivre par le gouvernement ? L’on pourrait être tenté de croire à l’effet d’annonce dans un environnement où la proportion des femmes manquant d’instruction reste encore considérable, surtout en zone rurale.
Le numérique reste aujourd’hui un incontestable outil d’émancipation pour nos populations. Et les femmes en première ligne de l’activité économique dans le monde rural et dans le pays en général, pourraient en tirer grand profit selon les possibilités qu’il offre ; entre autres, l’accès rapide des populations des zones rurales aux informations en matière de santé, d’activités commerciales (accès à plus d’opportunités), de transactions financières via le téléphone mobile. Le thème de la journée de la femme célébrée le 8 mars prochain en Côte d’Ivoire vise, selon la ministre à mieux orienter les efforts du gouvernement, afin de permettre à la majorité des femmes de s’approprier le numérique pour parvenir à l’autonomisation.
Les femmes en Côte d’Ivoire présentent le niveau d’instruction le plus faible
L’instruction est un préalable à l’autonomisation des femmes en Côte d’Ivoire. Le numérique est un outil qui consolide les acquis des femmes en matière d’autonomisation. Si conformément à l’indice du développement humain, l’éducation et la formation occupent une place considérable dans l’amélioration des capacités humaines d’un pays, la Côte d’Ivoire reste encore loin de cet idéal en ce qui concerne les femmes. L’étude OCDE, 2016 et l’enquête ENV, 2015 donnent d’importantes précisions sur la situation des femmes. Une proportion qui donne une nette vision de la complexité du travail qu’il reste à accomplir avant l’intégration du numérique dans le processus d’autonomisation des femmes. Plus de la moitié des femmes (53%) et un tiers des hommes (34%) de 15 à 49 ans sont sans instruction.
La proportion la plus élevée est observée dans le nord du pays. Le taux de femmes sans niveau d’instruction est de 83% contre 62% des hommes. Les femmes sont moins alphabétisées (38%) que les hommes (61%). Le taux d’alphabétisation (Proportion de personnes âgées de plus de 15 ans sachant lire/écrire) varie aussi de manière importante selon le milieu de résidence : 53% des femmes et 76% des hommes sont alphabétisés en milieu urbain contre respectivement 21% et 45% en milieu rural (INS et ICF International, 2012). Les chiffres du ministère de l’Éducation nationale et de l’Enseignement technique (MENET) indiquent un taux net de scolarisation de 77% en 2013. Ce taux signifie que 23% des 6-11 ans ne sont pas scolarisés. L’accès à l’enseignement primaire reste donc un défi majeur surtout en milieu rural et plus particulièrement pour les filles. Ne serait-il pas plus réaliste pour le gouvernement d’intensifier ses efforts pour concrétiser la réalité de l’autonomisation de la femme ? Car évoquer la question du numérique en l’état actuel de la situation reste tout simplement un phénomène de mode.
Nelson ZIMIN