Le président Affi N’Guessan pensait avoir évité le piège du FPI des GOR en renonçant à rencontrer Laurent Gbagbo. Agnès MONNET, démissionnaire, lui montre qu’il s’est au contraire précipité les pieds joints dans le traquenard qu’il croyait avoir évité.
Agnès MONNET rend sa démission à Affi N’Guessan
Affi N’Guessan avait annoncé son départ en Belgique pour y rencontrer le Président Laurent Gbagbo, le père fondateur du Front Populaire Ivoirien (FPI), parti politique qu’il dirige. Et deux jours après, le même Affi N’Guessan est revenu à Abidjan sans avoir rencontré le moindre cheveu de son ancien patron. Jusque-là tout va bien pour le patron officiel de l’opposition ivoirienne. Sauf qu’il convoquera une conférence de presse qui va en fin de compte lui faire plus de mal que de bien.
Lors de son point presse, le Président légal du FPI a expliqué qu’il n’avait finalement pas rencontré Laurent Gbagbo à cause d’un préalable auquel il ne souscrivait pas et qui avait été fixé par ce dernier. Laurent Gbagbo aurait essayé de le piéger en lui demandant de prononcer un discours sur RFI, dans lequel il annoncerait sa démission de son poste de Président. Ses adversaires répliquent en disant qu’il s’était engagé à reconnaitre le congrès de Moossou qui avait désigné Laurent Gbagbo comme Président du parti, une déclaration qui l’aurait fait passer pour un usurpateur du titre de Président de ce principal parti de l’opposition ivoirienne.
Ce qui a coulé Affi N’Guessan, c’est que galvanisé par ses « deux militants et demi » venus l’accueillir à l’aéroport FHB, il n’a pu garder le calme que recommandait la situation. Il s’est livré lors de son intervention à des propos irrévérencieux à l’encontre de Laurent Gbagbo, des propos qui ont choqué, en plus de plusieurs militants du FPI GOR, jusque dans son propre camp.
Affi N’Guessan essayait d’expliquer que Laurent Gbagbo n’est pas légaliste, qu’il est en réalité l’homme qui a déstabilisé le FPI en instiguant une rébellion en son sein, qu’il n’est pas assez sérieux en se comportant de la sorte. Laurent Gbagbo aurait essayé de l’humilier, pire encore, de l’assassiner politiquement. Laurent Gbagbo, et toujours selon Affi N’Guessan, n’aurait pas pu être élu à la tête du FPI depuis sa cellule de prison à La Haye…
Si ces paroles ont arraché quelques applaudissements à ses partisans venus assister à la conférence de presse, elles lui ont peut-être fait le plus grand mal dans la situation actuelle. Disons le tout net, Affi N’Guessan était pour beaucoup Président du FPI tant qu’il n’affichait pas au grand jour son différend avec Laurent Gbagbo.
Agnès MONNET, la Secrétaire Général et Porte-parole du Front Populaire Ivoirien, par ailleurs Pca de la Refondation-SA, n’a pas non plus supporté de voir l’homme qu’elle a soutenu ces dernières années s’en prendre ainsi vivement à celui qui incarne à ses yeux le combat du FPI. Alors qu’elle a oeuvré dans l’ombre pour faire de cette rencontre une réussite, c’est déçue qu’elle a annoncé une décision qu’elle considère déjà comme irrévocable.
« Je ne puis supporter que la lutte pour la refondation de la Côte d’Ivoire prônée par le FPI et son leader, le Président Laurent Gbagbo, motivation essentielle de mon engagement politique soit transcendée par des ressentiments qui n’ont pour seule vocation que de nous éloigner de l’objectif fondamental », dit-elle avant d’annoncer une « démission irrévocable » de ses « fonctions de Secrétaire Général et Porte-parole du Front Populaire Ivoirien… Cette décision emporte tout naturellement les charges connexes de Pca de la Refondation-SA ».
Si Agnès MONNET est pour le moment la première personne à avoir officiellement démissionné du FPI Affi, d’autres défections seraient attendues au sein de cette même mouvance. Alphonse Voho Sahi, un autre cadre influent du FPI de la tendance Affi N’Guessan, serait lui aussi sortant consécutivement à la conférence de presse de ce dernier qu’il n’approuverait pas non plus.
Le courrier de démission adressé par Mme Agnès Monnet à PASCAL AFFI N’GUESSAN
« Camarade, par la présente, je viens te notifier ma démission.
En effet, la grave crise dans laquelle s’est englué le parti, le fragilisant à l’extrême, est née d’une crise de leadership en l’absence du président Laurent GBAGBO, fondateur du Front Populaire Ivoirien, arrêté et déporté à la CPI.
Mais après l’acquittement de notre leader suivi de sa libération, le 1er février dernier, nous nous sommes convaincus que l’heure de l’unité autour du président Laurent GBAGBO avait sonné comme tu l’as laissé entendre toi-même dans tes précédentes déclarations.
C’est fort de cette conviction et de l’immense espoir suscité par sa libération que je me suis engagée auprès du président Laurent GBAGBO de tout mettre en œuvre pour favoriser l’unité au sein du Parti
Malheureusement, camarade, à l’analyse des différents communiqués rendus publics après ton séjour à Paris, je ne puis que faire le constat douloureux de l’échec de cette initiative mienne. En plus, ta dernière conférence de presse subsequente vient compliquer le tableau en jetant la suspicion sur ma démarche.
Toute chose qui ne saurait que consacrer la rupture que j’avais redoutée.
Je ne puis supporter que la lutte pour la refondation de la Côte d’Ivoire prônée par le FPI et son leader, le Président Laurent Gbagbo, motivation essentielle de mon engagement politique soit transcendée par des ressentiments qui n’ont pour seule vocation que de nous éloigner de l’objectif fondamental.
En conséquence, je te rends ma démission irrévocable de mettre fin à mes fonctions de Secrétaire Général et Porte-parole du Front Populaire Ivoirien que tu diriges. Cette décision emporte tout naturellement les charges connexes de Pca de la Refondation-SA
Camarade, je te prie de trouver ici, l’expression de ma profonde gratitude pour la franche collaboration que nous avons eue pendant ces quelques années.
Fait à Abidjan, le 24 Mars 2019
La camarade Agnès Apo AYE Epouse MONNET. »