Dans la lutte fratricide qui a cours ces derniers temps au PDCI, chaque partie essaie de tirer la couverture à son profit. Aussi, en déplacement à Dimbokro, François Amichia, vice-président du mouvement PDCI-Renaissance, a pour sa part indiqué que Félix Houphouët-Boigny n’a pas laissé la Côte d’Ivoire à Henri Konan Bédié seul. De quoi à soulever l’ire d’autres sachants.
Les révélations de François Amichia sur la succession d’Houphouët
La bataille fait rage entre le PDCI, Parti démocratique de Côte d’Ivoire, et le RHDP, Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et paix. Dans cette lutte de positionnement pour la présidentielle de 2020, certains frondeurs du vieux parti, ayant pris fait et cause pour le camp présidentiel, ne cessent de s’activer pour amener à leur suite des militants pédécéistes. C’est dans cette optique qu’Albert François Amichia, ministre de la Ville, par ailleurs Vice-président de PDCI-Renaissance de Daniel Kablan Duncan, était en tournée de mobilisation dans les régions du Iffou et du N’Zi.
À l’étape de Dimbokro, ce week-end, le Maire de Treichville a mis les pieds dans les plats en tentant de déconstruire l’image du « Sphinx de Daoukro » dans cette localité acquise au PDCI-RDA. Évoquant la succession d’Houphouët-Boigny, l’ancien ministre des Sports a révélé un pan du « testament » du père-fondateur : « Après mon départ du pouvoir, c’est une équipe qui va diriger la Côte d’Ivoire. »
Le ministre Amichia entend ainsi dire qu’Henri Konan Bédié n’était pas la seule personne désignée par le « Bélier de Yamoussoukro », mais plutôt toute une équipe pour lui succéder. Le tout nouveau membre du Conseil politique du RHDP ajoute en outre que c’est Houphouët qui a fait venir Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire au plus fort de la crise économique en 1989. À ce titre, les deux hommes se devaient de conduire le pays dans une nouvelle dimension. Mais leur mésentente a entraîné la perte du pouvoir et l’éclatement de la guerre. Voilà pourquoi, il préconise une réconciliation entre Bédié et Ouattara afin de préserver la paix en Côte d’Ivoire.
Cette affirmation de François Amichia est pourtant battue en brèche par des cadres du parti septuagénaire, Henri Konan Bédié en tête. Dans son livre autobiographique «Les chemins de ma vie», paru en 1999, Bédié déclarait à propos de l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara : « De toute façon, il était Burkinabè par son père et il possédait toujours la nationalité du Burkina Faso, il n’avait donc pas à se mêler de nos affaires de succession.»
En outre, l’article 11 de la Constitution ivoirienne de la première République faisait du Président de l’Assemblée nationale d’alors, en l’occurrence Konan Bédié, le dauphin constitutionnel du Président de la République. C’est en vertu de ce mécanisme que le Président Bédié a assuré la succession d’Houphouët-Boigny à la mort de celui-ci en 1993.
La polémique sur le successeur désigné d’Houphouët-Boigny est donc loin d’avoir été vidée de sa substance.