Mamadou Traoré, fidèle lieutenant de Guillaume Soro, est revenu via un post relayé sur sa page Facebook, sur l’attentat du Fokker 100 en juin 2007 et qui a failli coûter la vie à son mentor, alors Premier ministre ivoirien issu de l’accord politique de Ouagadougou. Dans cette publication intitulée « l’origine des conflits Guillaume-RDR », l’ex-cadre du Rassemblement des républicains (RDR) blanchit ouvertement l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo qui, à l’époque, était accusé à « tort » d’être responsable de cet acte terroriste. À l’en croire, la responsabilité de cet attentat incombe à certains cadres du RDR, qui jalousaient Guillaume Soro après sa nomination.
Attentat manqué contre Soro en 2007 : Mamadou Traoré (Pro Soro), blanchit Gbagbo
Je voudrais informer les uns et les autres que le conflit entre Guillaume Soro et le RDR et non avec le Prado ne date pas d’aujourd’hui. Il date de depuis le déclenchement de la rébellion. En effet, pendant la rébellion, ce conflit était sous jacent. Il etait latent.
Car beaucoup de faucons du RDR ne voyaient pas d’un bon oeil la montée vertigineuse de celui qui fut hier, selon eux, « leur bon petit « . Celui à qui, selon eux, ils donnaient de temps en temps quelques petits jetons lorsqu’il était encore étudiant, lorsqu’il était un habitué du bureau annexe du RDR entre 98 et 2000.
Souvenons-nous de ces propos d’un cadre bien connu du RDR qui a affirmé ceci lors des accords politiques de Ouaga en parlant de Guillaume Soro : »Un caïman ne peut pas sortir de notre pipi pour nous mordre. » En d’autres termes, notre petit ne peut pas venir nous commander.
Tout un message. Toujours selon eux, Guillaume Soro n’etait pas celui qui devrait jouer le rôle qu’il a joué lorsque la rébellion a éclaté après l’échec du coup d’État contre Laurent Gbagbo en septembre 2002.
Guillaume Soro en effet a été obligé, à son jeune âge, de prendre une lourde responsabilité suite à la fuite de responsabilité de ceux qui lui avaient promis aide et assistance avant le déclenchement de la rébellion. Ceux qui lui avaient promis soutien militaire et matériel s’il declenchait l’offensive militaire contre Gbagbo.
Où étaient-ils quand l’offensive a échoué ? Tous en fuite. Ils ont tous fraya, pour parler comme les Ivoiriens. Certains en Europe, d’autres au Mali ou au Sénégal. Ceux qui n’ont pas pu fuir se cachaient et vivaient la peur au ventre.
Mais malgré leur « frayaliste » et leur fuite de responsabilité, ils n’appréciaient pas le leadership de Guillaume Soro qui se dessinait. Il faut donc le neutraliser afin qu’il ne soit pas un danger demain pour leurs ambitions.
C’est pourquoi, selon les informations qui ont courru au sein des Forces Nouvelles, le conflit IB-Soro serait le fait de ces faucons qui auraient soufflé à IB que Guillaume Soro serait en train de lui ravir sa place. Et qu’il fallait le neutraliser de peur de perdre le contrôle de ses hommes.
C’est donc ce qui a poussé IB et ses hommes à attaquer les positions de Guillaume Soro en juin 2004 afin de reprendre les choses en main, lui qui avait nié, dès les premières heures de la rébellion, être partie prenante de cette offensive militaire.
Après l’échec cuisant des hommes d’IB face à ceux de Guillaume Soro en juin 2004, ces faucons du RDR ont décidé, à travers certains de leurs hommes clés au sein des Forces Nouvelles, de contrôler la rébellion afin de réduire l’influence grandissante de Tienigbanani qu’ils ne contrôlaient pas, de Tienigbanani qui est un insoumis, qui n’est pas un béni oui oui.
Là encore, ce fut un échec. C’est ainsi qu’après la nomination de Guillaume Soro comme Premier Ministre en 2007, certains faucons du RDR, à travers les relais de ce parti en ex-zone Cno et au Sud du pays, ont crié à la trahison de ce dernier car pour eux, il venait de se faire acheter par Laurent Gbagbo à travers l’accord politique de Ouaga.
C’est d’ailleurs cette rumeur de trahison de Guillaume Soro qui a été à la base de l’attentat contre son avion en juin 2007. Et les soldats à la base de cet attentat, proches d’IB et ayant des accointances avec certains faucons du RDR, après leur arrestation, ont fait des révélations que Guillaume Soro a soigneusement gardé dans son profond ventre. Dans son ventre-valise.
Nous avons accusé à tort, je l’avoue aujourd’hui, Laurent Gbagbo d’être à la base de cet attentat, tout juste pour étouffer cette crise interne qui couvait entre les Forces Nouvelles et certains faucons du RDR. Et pour ne pas se laisser distraire de son objectif, pour ne pas mettre mal à l’aise le Président du RDR pour qui j’insiste, Guillaume Soro avait une profonde dévotion, Bogota n’a pas voulu insister sur les enquêtes qui devraient avoir lieu pour identifier les commanditaires de cette attaque.
Il ne voulait pas que ces enquêtes éclaboussent le RDR qui était son allié principal même s’il savait que certains de ses faucons étaient de mèche avec les acteurs de l’attentat sur son avion. Et cela, sans que le President de ce parti n’en soit informé. En tout cas, c’est ce que pensait Guillaume Soro.
Un jour sûrement, Bogota en parlera puisque j’ai eu l’honneur en juillet 2007, quelques semaines après qu’il ait échappé à la mort, lorsqu’il m’a reçu en audience à Korhogo, d’avoir eu avec lui l’identité de certains de ces faucons du RDR qui étaient derrière l’attentat.