Député à l’Assemblée nationale, Kébé Mahamadou, par ailleurs président du mouvement « Synergie 2020 », s’est exprimé sur le nouveau gouvernement formé par le Président Alassane Ouattara mais aussi a donné sa position sur une éventuelle candidature du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
Entretien avec Kébé Mahamadou, Député à l’Assemblée nationale et président du mouvement « Synergie 2020 »
Que vous inspire le nouveau gouvernement Gon Coulibaly?
Kébé Mahamadou: D’abord ce qu’il faut retenir, c’est qu’un gouvernement est mis en place pour un objectif précis. Dit comme vous le dites, à savoir que les populations souffrent, alors il faut un gouvernement moins dense, n’est pas juste. L’objectif premier d’un président de la République, c’est d’arrêter ou, à tout le moins, atténuer les souffrances des populations qui l’ont élu. Et, je vous assure, Alassane Ouattara est dans cette vision-là. C’est d’ailleurs, cela qui l’amène à morceler le travail entre plusieurs cadres afin d’être plus efficace. La gestion d’un ministère, ce n’est pas une mince affaire. Surtout que les enjeux sont souvent énormes. Prenez, par exemple le cas du ministère pour la promotion de la riziculture qui vient d’être créé, je vois que cela alimente la toile depuis, mais, croyez-moi, notre pays en avait extrêmement besoin. Nous avons un écosystème favorable à la culture du riz. Nous disposons de tout sur le plan naturel pour devenir autosuffisant en riz. Mais, chaque année, ce sont, au bas mot 15 000 tonnes de riz que notre pays importe. Pourquoi ? Tout simplement parce que beaucoup de paysans sont aujourd’hui tous orientés vers les cultures de rente que sont le café, le cacao, l’hévéa, etc.
Pour vous, le ministère pour la promotion de la Riziculture se justifie-t-il?
Kébé Mahamadou: En créant donc un ministère totalement dédié au riz, le premier ministre Amadou Gon donne un signal fort de ce que sera cette dernière ligne droite du mandat du président Ouattara. Etre autosuffisant sur le plan alimentaire, c’est aussi du social. L’autre pan qui répond à votre question, c’est la diversité des compétences et des cultures sur lesquelles mise ce nouveau gouvernement. Amadou Gon a certainement été mû par une approche géopolitique. Une approche que l’on ne devrait pas analyser seulement sous l’angle de la présidentielle à venir, mais, bien plus sous de la conjugaison des efforts qui amène le développement. Rappelez-vous du temps du père-fondateur Félix Houphouët-Boigny, chaque région de Côte d’Ivoire était représentée dans le gouvernement. Cela avait pour but de booster le développement en permettant au chef de l’Etat d’avoir le regard un peu partout. D’ailleurs, je profite de votre micro pour saluer le retour de mon grand frère Légré Philippe qui représente la région du Gbôklé, ma région, dans ce gouvernement. Il faut retenir en définitive que ce gouvernement est un gouvernement de mission. Sa mission, rapprocher le développement des populations. Attendons de la voir à l’œuvre avant de le juger. Quittons les réseaux sociaux et venons dans la réalité.
Pourquoi, malgré tout le tapage que vous faites pour le RHDP, aucun de vos membres n’a été nommé?
Kébé Mahamadou: On ne fait pas de bruits. Synergie 2020 est une organisation essentiellement composée de députés qui estiment qu’Alassane Ouattara est une vraie chance pour la Côte d’Ivoire. Regardez par vous-mêmes, combien ce monsieur n’a pas donné au pays. Les routes, les ponts, les écoles, les hôpitaux, les universités, l’électricité dans nos villages, etc. En huit années de pouvoir il a prouvé qu’il maitrise la question du développement. Le dire, ce n’est pas faire du bruit. Nous lui reconnaissons juste son mérite et l’en encourageons. Il faut lui rendre hommage. Et croyez-moi, à Synergie 2020, on n’attend rien en retour. Faire partie d’un gouvernement n’est pas un objectif pour nous. Cependant, nous apprécions que des députés soient entrés dans le nouveau gouvernement. Nous les félicitons. Il s’agit de Dogbo Belmonde et de Sanogo Mamadou.
Est-ce vrai que Synergie 2020 a été créé pour apporter la riposte à Guillaume Soro ?
Kébé Mahamadou: Vous savez, c’est cela la politique. C’est de bonne guerre. Vous posez une action et des gens interprètent. Voilà ! Sinon pour ceux qui connaissent la quinzaine de députés qui composent Synergie 2020, ils savent que Guillaume Soro est loin d’être une raison d’exister pour notre groupe. Nous sommes allés à Dabakala pour soutenir l’un des nôtres, le député Aboubacary de Dabakala qui y est allé faire des dons aux populations. Vous savez, la Côte d’Ivoire vaut plus que les hommes. Les hommes passent, le pays demeure. Il nous faut, tous les Ivoiriens ensemble, penser le devenir de notre pays en dehors des hommes. Cela me fait quelquefois rire lorsque j’entends certains leaders se présenter comme de braves, comme des personnes tellement fortes, puissantes et guerrières. Il m’arrive de me demander si elle savant que le pays n’a plus besoin de guerriers, courageux, de bagarreurs mais d’homme intègres, intelligents qui savent ce que c’est que le développement et qui maitrisent la gestion à la fois des hommes et de l’économie. Les Ivoiriens n’ont pas besoin d’hommes forts. Ils ont besoin de dirigeants qui les connaissent, connaissent leurs problèmes et qui ont des solutions pour eux.
Quel est votre avis sur la question de la CEI?
Kébé Mahamadou: Vous me donnez l’occasion de dire merci et félicitation à Pascal Affi N’guessan, le président du FPI qui a fini par accepter que son parti intègre la nouvelle CEI. Il démontre ainsi que les Ivoiriens peuvent se parler et se comprendre. Il reste une seule place. J’espère que les ayant-droits l’occupent rapidement. Ne crampons pas indéfiniment sur nos positions lorsqu’il s’agit de l’avenir de notre pays. La CEI actuelle est totalement réaliste. On ne pouvait pas rêver mieux. Mon rêve, si vous le souhaitez, c’est de voir que dans notre pays, la question des élections devienne un fait banal qui rentre dans les mœurs. Dans les grandes démocraties, vous n’entendez pas parler de la structure qui organise les élections tellement tout est devenu naturel. Il faut qu’on arrive à cette étape. Ne résumons pas tout à des élections. A tous les niveaux, on peut servir le pays. Nous n’avons pas fait de communiqué particulier parce que des discussions avaient cours entre le gouvernement les partis d’opposition. Ces discussions ont été fructueuses. D’où l’entrée du FPI. Disons, Dieu merci.
Seriez-vous favorable à une candidature d’Amadou Gon à la présidentielle de 2020?
Kébé Mahamadou: Vous le saurez de toutes les façons. Mais, sachez que nous soutiendrons le candidat du RHDP. Le premier ministre Amadou Gon ferait un bon cheval. Il connait les arcanes du pouvoir. A la tête du gouvernement depuis deux ans maintenant, il a prouvé qu’il maitrise les questions essentielles de développement, de macro économie, de relation internationale, etc. Personnellement, c’est mon choix. Et j’espère que ce soit le choix de notre parti.