Philippe Mangou a été un acteur principal de la crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire. Ancien chef d’Etat-major de Laurent Gbagbo, lors de cette période chaude de l’histoire ivoirienne, le général de corps d’armée, aujourd’hui ambassadeur en Allemagne, est revenu sur la crise qui a officiellement fait 3 000 morts.
Philippe Mangou exprime ses regrets par rapport à 2010
À la suite de la présidentielle de 2010, Alassane Ouattara, candidat du Rassemblement des républicains (RDR), et Laurent Gbagbo, défendant les couleurs de La majorité présidentielle (LMP), revendiquaient tous deux la victoire. Si le premier a été déclaré vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI), alors présidée par Youssouf Bakayoko, le président sortant avait la légitimité du Conseil constitutionnel mené par Paul Yao N’dré. Cette situation a conduit le pays à une crise militaropolitique meurtrière qui a occasionné la mort de 3 000 personnes, selon le bilan officiel.
Pendant la crise postélectorale, Philippe Mangou, chef d’Etat-major, a pris fait et cause pour Laurent Gbagbo avant de faire allégeance à Alassane Ouattara. Au lendemain de ces événements, l’ex-commandant du théâtre des opérations des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI) a été nommé ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Gabon en 2012 avant de poser ses valises en Allemagne. C’est justement en tant qu’ambassadeur de la Côte d’Ivoire au pays d’Angela Merkel que Philippe Mangou a échangé avec ses compatriotes qui y vivent.
Selon nos confrères de fratmat.info, Philippe Mangou a rencontré les Ivoiriens d’Allemagne le samedi 16 novembre 2019. « Je suis heureux de vous retrouver. Je vous dis grand merci pour avoir accepté de vous déplacer malgré vos différentes activités », a-t-il dit d’entrée de jeu. Au cours des échanges, il a fait des confidences sur la crise postélectorale ivoirienne.
« Beaucoup ne me connaissent pas ou me connaissent par voie de presse. C’est bien moi le Général Philippe Mangou, pendant la crise, j’étais celui qui a commandé les opérations sur le terrain des combats…Nous avons eu des choses qui n’étaient pas bonnes, des choses atroces, ou nous-mêmes, de par notre faute, nous avons ramené notre pays en arrière de près de 50 ans », a regretté Philippe Mangou.
Poursuivant, l’ex-chef d’Etat-major a ajouté : « Ce que nous avons retenu de cette crise ne sont pas de bons souvenirs… Nous-mêmes militaires, nous ne sommes pas prêts à mener une quelconque guerre, nous ne sommes plus prêts à susciter une crise. C’est pourquoi, me trouvant devant vous, je voudrais tout d’abord vous demander d’être unis, de taire vos querelles, d’être réconciliés, de pratiquer et cultiver la cohésion, la paix ».