23 novembre 2019, veille de la visite de Guillaume Soro à La Haye, une interview de Charles Blé Goudé accordée à Afrique Media, une chaine de télévision panafricaine, a été puibliée sur les réseaux sociaux. Après environ une heure d’échange, la journaliste a adressé cette question directe et frontale au Président du COJEP : « Si aujourd’hui vous vous retrouvez en face du Président Alassane Ouattara, qu’est-ce que vous lui direz ? »
Blé Goudé à Ouattara «Pourquoi l’environnement démocratique américain ne vous a pas influencé ?»
Après un long silence et un soupir, Charles Blé Goudé répond à l’interrogation de la journaliste d’Afrique Media : Je lui dirai : « Monsieur le Président, vous avez fait l’école aux États-Unis, passé toute votre vie aux États-Unis, un État démocratique, où les contraires s’affrontent. Où la liberté d’expression est sacrée. Pourquoi, pourquoi cet environnement ne vous a pas influencé pour donner à la Côte d’Ivoire cette liberté d’expression ? Garantir les libertés individuelles et collectives ? Pourquoi, pourquoi quand quelqu’un n’est pas de votre parti, il est forcement votre ennemi et qu’il doit être en prison ? Ça ne se fait pas aux États-Unis. Pourquoi tout le monde doit dire que c’est tout ce que vous fait qui est beau ? Vous avez peut-être fait des choses, Monsieur le Président, mais nous avons le devoir de vous critiquer.
Libérez l’espace audiovisuel en Côte d’Ivoire. Garantissez les libertés individuelles et collectives. Donnez à la Côte d’Ivoire une Commission électorale et indépendante (CEI, NDLR), Monsieur le Président. C’est tout à votre honneur. Cessez de mettre en prison tous ceux qui formulent une critique contre vous. Évitez d’instrumentaliser l’appareil judiciaire. Parce que vous venez d’un pays où vous avez étudié, non seulement, vous avez travaillé. Vous avez travaillé au sein des Institutions de Bretton Woods surtout aux États-Unis, où la démocratie est sacrée. Mais pourquoi vous faites tout le contraire de l’environnement dans lequel vous avez vécu ? » Je pense qu’il va me comprendre. Et je lui dirai : « Accepter de discuter avec votre opposition. Ce n’est pas à vous de choisir vos opposants. »
À propos du taux de chômage à 2% en Côte d’Ivoire donné par un ministre ivoirien, Blé Goudé s’étonne : « Vous êtes là, grand économiste, vous avez accès à tout ce qu’il y a comme revues économiques, qui font le bilan chaque année de chaque pays… Professeur Alassane Ouattara, économiste de son état, devait interpeller son ministre de l’Économie et le virer de son gouvernement, parce qu’il a humilié la Côte d’Ivoire. Il a répandu un mensonge qui ne repose sur rien d’autre que la propagande. »
S’adressant à la Journaliste, Charles Blé Goudé ajoute : « Je veux que ce monsieur soit un grand homme. Moi, je suis un adversaire, je continuerai de le critiquer. Et pourtant, ce n’est pas mon ennemi. Il faut faire en sorte d’éviter à la Côte d’Ivoire une autre catastrophe… J’ai besoin d’avoir ces débats-là. Parce que je veux que dans nos pays, on puisse mettre nos dirigeants face à leurs promesses électorales. Les amenés à être responsables de leur bilan. Je n’ai pas dit qu’ils n’ont rien fait. Mais on vous juge selon ce que vous avez promis. En 2020 en Côte d’Ivoire, les promesses électorales ne vont plus engager ceux qui y croient. Elles vont engager ceux qui ont fait ces promesses devant le peuple, devant l’histoire et dans les urnes. »