L’éventualité d’une candidature du président Alassane Ouattara à la prochaine élection présidentielle ivoirienne suscite de vives réactions au sein de la classe politique.
CEI, affaire 3e mandat, fraude sur la nationalité : L’opposition maintient la pression sur Ouattara
En octobre 2020, les Ivoiriens seront convoqués dans les urnes pour élire leur nouveau président. L’actuel chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, qui, quelques années en arrière, rejetait l’idée de rempiler pour un troisième mandat, a désormais opté pour une autre communication. « Si les gens de ma génération sont candidats, alors je serai candidat », déclarait-il le week-end dernier lors d’un meeting à Katiola. Au grand mépris de la constitution ivoirienne, à en croire l’interprétation faite par la quasi-totalité des partis politiques membres de l’opposition significative.
« Celui qui a fait 10 ans au pouvoir n’est pas concerné par la Présidentielle de 2020 », s’exclamait l’opposant Pascal Affi N’guessan en réponse aux propos du président du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Le Front populaire ivoirien(FPI) se dit donc outré de cette « incohérence » dont fait montre Alassane Ouattara au sujet de sa participation ou non au prochain scrutin.
Alassane Ouattara, fait remarquer Jean Bonin, secrétaire général adjoint du FPI, a déjà effectué deux mandats et il n’a de ce fait plus le droit de se représenter. « L’interprétation de la constitution ne peut pas être fonction de la volonté des uns et des autres à être candidat ou à ne pas l’être », s’insurge le juriste.
À cette polémique qui tourne autour de la question de la candidature du chef de l’ État, vient se greffer l’épineux sujet de la crédibilité de la Commission électorale indépendante (CEI), du listing électoral, du découpage électoral et de la fraude sur la nationalité ivoirienne. De quoi justifier les craintes de bon nombre d’acteurs de la vie politique ivoirienne.
Notamment Stéphane Kipré, président de l’Union des nouvelles générations, et Samba David, un leader de la société civile, qui exigent du gouvernement, l’ouverture d’un dialogue politique inclusif afin d’éviter à la Côte d’Ivoire une crise post électorale similaire à celle connue entre 2010 et 2011. « Arrêtons donc de croire que nous sommes des bravetchê. Arrêtons ! Arrêtons de croire qu’on va juste organiser des élections comme prétexte et pouvoir embrigader pour garder le pouvoir par la force », prévient le gendre de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo.
«Utilisons juste la voie des élections et ensuite, on bloque par la force. 2020 n’est pas 2010. Il y a dix (10) bonnes années qui les séparent. Allons-y doucement, car nul n’a le monopole de la force dans un pays. Ce n’est pas parce que l’on continue de dialoguer qu’on est faible. Le dialogue reste l’arme des forts. Ce n’est pas parce que l’on continue de tirer la sonnette d’alarme qu’on a peur », lance-t-il faisant référence à la volonté « manifeste » du régime de balayer du revers de la main toutes les revendications de l’opposition.
La plateforme dirigée par le président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié, prévoit d’organiser conjointement avec EDS de Laurent Gbagbo, un meeting de protestation prévu le 14 décembre prochain pour réclamer la mise en place d’une CEI « consensuelle ».