Dimanche 24 novembre 2019, Charles Blé Goudé, en liberté sous condition à La Haye, a échangé avec son « frère ennemi », Guillaume Kigbafori Soro. La rencontre entre les deux anciens leaders de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) a fait couler beaucoup d’encre et de salive en Côte d’Ivoire. Au cours d’un entretien avec les journalistes ivoiriens de France, vendredi 17 janvier 2020, le président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP) dévoile les raisons qui l’ont poussé à recevoir l’ex-chef de la rébellion ivoirienne.
Pourquoi Charles Blé Goudé a reçu Guillaume Soro
Les retrouvailles entre Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, dimanche 24 novembre 2019, n’ont pas manqué de créer une onde de choc dans la sphère politique ivoirienne, tant une rencontre entre les deux hommes paraissait utopique. En effet, l’ancien Premier ministre et l’ex-ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo ont toujours été perçus comme de farouches adversaires. Tandis que l’un défendait la cause d’Alassane Ouattara, l’autre avait pris fait et cause pour le fondateur du Front populaire ivoirien (FPI). A l’éclatement de la rébellion de 2002, Guillaume Soro est apparu comme l’homme qui attaquait le pouvoir des refondateurs. Il trouvait sur son chemin un certain Charles Blé Goudé qui à la tête de la « galaxie patriotique » entend défendre le pouvoir de son mentor Laurent Gbagbo.
Des années plus tard, le destin va réunir de nouveau le patron du COJEP et le président de Générations et peuples solidaires (GPS) à l’occasion de la crise postélectorale de 2010-2011. En fait, ils n’ont pas véritablement été séparés puisque pendant longtemps, ils se lancent des flèches. Lorsque le pouvoir de Laurent Gbagbo tombe le 11 avril 2011, Charles Blé Goudé se trouve au Ghana voisin et son « adversaire naturel » était le Premier ministre de Laurent Gbagbo. Arrêté en janvier 2013, le filleul de l’ancien chef d’État est transféré à la Cour pénale internationale (CPI) le 22 mars 2014 après avoir été détenu en Côte d’Ivoire. Depuis le 15 janvier 2019, celui que l’on surnommait le « général de la rue » a été acquitté est actuellement en liberté sous condition à La Haye.
Il est arrêté en janvier 2013 au Ghana, puis détenu en Côte d’Ivoire avant d’être transféré le 22 mars 2014 à la Cour pénale internationale à La Haye. Celle-ci l’acquitte le 15 janvier 2019, mais la justice ivoirienne le condamne à 20 ans de prison en décembre 2019.
Pour beaucoup, les anciens compagnons de la FESCI ne se reverraient plus jamais, surtout que Blé Goudé n’est pas totalement libre. Mais finalement, dimanche 24 novembre 2019, à la surprise générale, la rencontre a lieu. Échangeant avec des journalistes ivoiriens basés en France, le 17 janvier 2020, le fondateur du COJEP a livré les raisons pour lesquelles il a accepté de recevoir son « frère ennemi ». « Guillaume Soro a demandé à me voir. Il l’a annoncé quand il était dans ses crush party. Affoussiata Bamba a contacté mes services, j’ai accepté de le rencontrer, fidèle à la ligne que moi-même, je me suis librement donné », a-t-il expliqué. Pour lui, depuis la prison, il a reçu des gens avec qui il n’avait pas la même vision sociétale. Puis à sa sortie de prison, il a exprimé sa disposition a rencontré tous les acteurs politiques de la Côte d’Ivoire qui expriment le besoin, comme cela a été le cas pour Guillaume Soro.