Alassane Ouattara est-il effectivement en train de réussir son pari d’isoler complètement Guillaume Soro et de le réduire à sa plus simple expression?
Après Alphonse Soro, Soul To Soul et Alain Lobognon, sous la pression de Ouattara, en route pour le RHDP?
Depuis sa démission en février 2019 de la présidence de l’Assemblée nationale ivoirienne à la suite de dissensions avec le président de la République Alassane Ouattara, Guillaume Soro connait une véritable descente aux enfers. Exilé en Europe après un retour manqué à Abidjan en décembre 2019, l’ancien chef de la rébellion armée de septembre 2002 en Côte d’Ivoire, a vu plusieurs de ses proches soit être arrêtés et incarcérés, soit prendre le chemin de l’exil comme lui.
Après le rejet de sa candidature à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, Guillaume Soro s’était lancé dans un bataille farouche contre la candidature à un troisième mandat du chef de l’Etat (sortant). Mais en vain. Le leader du RHDP (parti au pouvoir) a été réélu à plus de 94,27% des suffrages exprimés. Le 14 décembre 2020, le président Alassane Ouattara a prêté serment pour un nouveau quinquennat et prépare actuellement son parti le RHDP à remporter la majorité parlementaire lors des élections législatives prévues le 06 mars 2021 en Côte d’Ivoire.
Prié de quitter la France par les autorités françaises et actuellement à cheval entre plusieurs pays d’Europe, Guillaume Soro est de plus en plus isolé. La plupart de ses proches avec qui il s’était engagé dans le bras de fer avec Ouattara, sont en train de le lâcher. Après l’honorable Tazéré Célestine en premier, Méité Sindou en deuxième, c’était au tour récemment du député Kanigui Soro, libéré après des mois de détention, de quitter la Sorosphère pour déposer ses valises au RHDP.
Mais comme le malheur ne vient jamais seul. La saignée continue dans le camp de celui qui a été successivement Premier ministre de Laurent Gbagbo et du président Alassane Ouattara. Le week-end dernier, c’est sans grand étonnement que les Ivoiriens ont appris les défections d’Alphone Soro, président du mouvement ANC (Alliance Nationale pour le Changement), rentré d’exil il y a peu, et de Mme Thérèse Ouattara, présidente de Force démocratique de Côte d’Ivoire (FDCI).
« En l’absence pour l’heure d’une offre politique susceptible de sauvegarder et de poursuivre la dynamique de développement entamée par le Président Alassane OUATTARA ; l ‘Alliance Nationale pour le Changement (ANC) annonce la fin de toute collaboration avec le mouvement citoyen GPS (…) Donne mandat à son Président à l’effet d’entreprendre toutes les discussions nécessaires en vue d’une alliance avec le Rhdp pour la construction d’une grande famille politique autour du Président de la République Alassane OUATTARA », s’est justifié Alphonse Soro dans une déclaration.
Après tous ces départs, qui reste-t-il encore auprès de Soro Guillaume? Selon El Hadj Mamadou Traoré, un des derniers fidèles de Guillaume Soro, très actif sur les réseaux sociaux, tous les Soroistes qui ont été emprisonnés par le régime Ouattara, ‘’ont été les otages d’une dictature’’. « Il faut retenir qu’ils ont été emprisonnés pour faire mal à Guillaume Soro. Ils ont été emprisonnés pour servir de moyens de pression contre Guillaume Soro. Ils ont été emprisonnés pour être utilisés comme un objet de chantage contre Guillaume Soro. Ils ont été emprisonnés pour les affaiblir moralement afin de les amener à lâcher Guillaume Soro », dénonçait, en octobre 2020, Mamadou Traoré dans une de ses nombreuses publications sur la toile.
A l’en croire, Soul To Soul, Alain Lobognon et autres encore en prison, sont ‘’les derniers des mohicans’’ de l’establishment Soro, qui continuent de résister aux pressions du pouvoir RHDP. « Ils constituent l’aile dure des fidèles de Guillaume Soro. Il faut donc les atteindre moralement afin de tenter de les affaiblir. C’est vraiment mal les connaître que de penser ainsi. Je répète. Ce sont les derniers des mohicans. Et personne ne pourra les affaiblir en les maintenant pendant encore des mois en prison », soutient-il mordicus.
D’après l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, acquitté en janvier 2019 par la CPI, ‘’le temps est un autre nom de Dieu’’. Autrement dit, attendons de voir jusqu’à quand les deux prisonniers pro-Soro que sont Soul To Soul et Alain Lobognon continueront-ils à résister face à Ouattara. Pour les plus pessimistes, un retour au RHDP de Guillaume Soro lui-même, n’est pas à exclure.